Cette date coïncide à peu près avec celle à laquelle la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne devraient procéder à leurs premières réductions, après une pause consécutive à une campagne de hausses rapides des taux d'intérêt visant à juguler la poussée inflationniste consécutive à la pandémie.

Au Canada, l'inflation est tombée à 2,9 %, après avoir culminé à 8,1 % en juin 2022, et se situe désormais dans la fourchette cible de 1 à 3 % de la Banque du Canada. Mais les responsables politiques ne sont pas encore convaincus qu'elle est totalement maîtrisée, malgré un récent ralentissement de la production économique.

L'inflation du coût du logement, qui représente environ un quart de l'indice utilisé pour mesurer l'inflation globale, reste élevée. Le risque existe qu'une réduction trop rapide des taux d'intérêt ne ravive la hausse des prix sur le marché canadien du logement, déjà très cher.

L'économie canadienne a progressé de 1,0 % en rythme annuel au quatrième trimestre, ce qui est supérieur aux attentes des analystes, selon les données publiées jeudi. Ce rebond plus important que prévu indique que la banque centrale pourrait maintenir ses taux plus longtemps pour lutter contre l'inflation sans entraîner l'économie dans une récession.

Plus de 60 % des économistes, 19 sur 31 selon un sondage Reuters réalisé du 26 au 28 février, s'attendent à ce que la Banque du Canada réduise son taux directeur de 25 points de base pour le ramener à 4,75 % en juin, ce qui correspond en grande partie aux prix du marché. Alors que sept d'entre eux ont déclaré que la première baisse interviendrait au second semestre 2024, cinq seulement ont dit qu'elle interviendrait en avril.

"Le risque est que la première baisse de taux intervienne plus tard qu'en juin... Si la Banque doit commettre une erreur, c'est qu'elle maintiendra une politique trop restrictive pendant trop longtemps pour s'assurer que l'inflation se rapproche de son objectif, voire le réduit", a déclaré Douglas Porter, économiste en chef chez BMO Capital Markets.

"Ils s'inquiètent également de la reprise du marché du logement et, plus récemment, du fait que le dollar canadien a recommencé à s'affaiblir.

Si les prévisions de l'enquête se réalisent, la Banque du Canada sera la première des grandes banques centrales à commencer à réduire ses dépenses, puisque les responsables de la politique monétaire doivent se réunir en juin avant la Fed et la BCE.

Un nouvel affaiblissement du dollar canadien, qui a déjà perdu plus de 3 % par rapport au billet vert cette année, pourrait entraîner une poussée indésirable de l'inflation importée et donner à la Banque du Canada une raison supplémentaire de se montrer patiente.

Par ailleurs, une hausse des prix de l'immobilier pourrait aggraver les perspectives d'inflation. Les prix de l'immobilier devraient augmenter au cours des prochaines années, car l'offre de logements reste limitée et de nombreuses personnes s'attendent déjà à une série de réductions des taux d'intérêt, comme l'a montré un autre sondage Reuters.

Interrogés sur le calendrier de la première baisse des taux, 15 économistes sur 20, soit une majorité de 75 %, ont déclaré que le risque le plus important était que la Banque du Canada réduise ses taux plus tard qu'elle ne le prévoit actuellement, plutôt qu'avant.

Bien qu'il n'y ait pas de consensus clair sur le nombre de baisses de taux à venir cette année, près de 70 % des économistes, 21 sur 31, ont prédit des baisses de 100 points de base ou moins cette année, dont neuf qui prévoient des taux supérieurs à 4,00 % à la fin de l'année 2024. Cela correspond à l'ampleur de l'assouplissement attendu de la part de la Fed.

Sur les 30 contributeurs communs entre les deux dernières enquêtes, 11 économistes prévoient désormais moins de réductions de taux cette année, tandis que 19 ont maintenu leurs perspectives inchangées. Aucun ne s'attend à plus.

Bien que 11 des 14 économistes aient déclaré que l'ampleur des réductions de taux d'intérêt pourrait être inférieure à ce qu'ils prévoient cette année, la médiane du sondage a montré que le taux baisserait à 3,25 % d'ici la mi-2025, ce qui est plus élevé que les 3,00 % prévus dans une enquête de janvier.

"La réalité est que les prix ont beaucoup augmenté au cours des trois dernières années et que la psychologie de l'inflation a changé", a ajouté M. Porter de BMO Capital Markets. "Il faudra un certain temps pour que les gens croient à nouveau que l'inflation a été maîtrisée.

(Pour d'autres articles du sondage économique mondial de Reuters :)