Londres (awp/afp) - Le dollar était stable vendredi, hésitant entre des commentaires de la Réserve fédérale incitant à la prudence sur une future hausse de taux et son statut de valeur refuge dans un contexte d'incertitude géopolitique, tandis que le bitcoin a dépassé brièvement la barre des 30.000 dollars.

Vers 15H00 GMT (17H00 HEC), le billet vert était en léger retrait face à la monnaie unique, qui gagnait 0,08% à 1,0591 dollar, et face à la livre britannique, qui grignotait 0,05% à 1,2150 dollar.

Des remarques prudentes du président de la banque centrale américaine (Fed) jeudi affectaient les gains du dollar, et vendredi après-midi "le marché semble avoir interprété ces commentaires comme un signal indiquant que la Fed avait terminé ses hausses" de taux d'ici la fin de l'année, estimait James Harte, analyste chez Tickmill.

L'inflation aux États-Unis reste trop élevée, a déclaré jeudi le président de la Fed Jerome Powell, tout en insistant sur la nécessité d'avancer "prudemment" pour ne pas nuire à l'économie - sans exclure toutefois de relever encore les taux si nécessaire.

Face aux devises considérées plus volatiles, comme le dollar australien, le billet vert bénéficiait encore de la "montée en puissance des rendements américains", expliquait Ipek Ozkardeskaya, de Swissquote Bank, ainsi que de l'afflux des investisseurs vers les "valeurs refuges" dans un contexte géopolitique incertain.

Profitant de la même dynamique, l'once d'or prenait 0,67% à 1.992,53 dollars, son plus haut depuis mai.

Le bitcoin affichait par ailleurs une hausse de 2,95% à 29.577 dollars après avoir brièvement dépassé la barre des 30'000 dollars vendredi, jusqu'à 30'223 dollars.

Cette hausse était due à des rumeurs de marché concernant l'imminence d'un fonds indiciel en bitcoin, qui suivrait directement le prix de la cryptomonnaie: bien que fausses, elles "ont permis aux investisseurs de constater le potentiel de gains exponentiels en cas d'approbation officielle" de ce type de fonds, selon Walid Koudmani, analyste chez XBT.

Il permettrait à une plus grande partie du grand public d'investir dans le bitcoin sans avoir à en acheter directement.

L'analyste notait aussi la récente victoire juridique de Grayscale, important gestionnaire d'actifs en cryptomonnaies, contre le gendarme de Wall Street, la SEC, qui lui refusait le droit de coter en Bourse son ETF en bitcoins.

De son côté, la livre hésitait également face à l'euro, affichant un léger repli de 0,03% à 87,17 pence.

"Les données publiées aujourd'hui ont souligné les risques d'une nouvelle période de contraction économique au Royaume-Uni", indiquait Derek Halpenny, analyste de MUFG, ce qui peut inciter la Banque d'Angleterre (BoE) à poursuivre la pause de son cycle de resserrement monétaire.

Les ventes au détail ont en effet chuté de 0,9% en septembre, a indiqué l'Office national des statistiques (ONS), tandis que l'indice de confiance des consommateurs de GfK a nettement baissé en octobre.

Cependant, l'inflation a interrompu sa baisse en septembre au Royaume-Uni, stagnant à 6,7% sur un an, et elle reste la plus élevée du G7, ce qui au contraire pourrait plaider pour une politique monétaire plus agressive pour y faire face.

"La croissance des salaires telle que mesurée est toujours bien trop élevée pour être conforme à l'objectif" d'une inflation à 2%, a en outre déclaré vendredi le gouverneur de la BoE Andrew Bailey au Belfast Telegraph.

M. Bailey attend cependant une "baisse notable" de l'inflation le mois prochain, suivie d'une diminution plus progressive, dans la droite ligne des précédentes prévisions de la BoE.

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