James Bullard, qui a été président de la Fed de Saint-Louis de 2008 jusqu'à son départ le mois dernier pour diriger l'école de commerce de l'université de Purdue, n'était pas prêt à dire dans quelle mesure la Fed pourrait être amenée à revoir à la hausse sa vision collective des taux d'intérêt, ni à quel moment elle le ferait. Il a toutefois déclaré à Reuters que l'économie incitait la banque centrale à agir dans ce sens.

M. Bullard, qui a été l'un des principaux faucons de la Fed ces dernières années en faveur d'un relèvement agressif des taux d'intérêt pour freiner l'inflation, s'est exprimé mercredi après la publication de l'indice des prix à la consommation pour le mois d'août, qui a montré que les pressions inflationnistes se poursuivaient.

L'inflation globale a augmenté de 3,7 % par rapport à l'année précédente en raison de la hausse des prix de l'essence, tandis que l'inflation excluant les produits alimentaires et énergétiques a diminué pour atteindre une hausse de 4,3 % en glissement annuel, contre 4,7 % en juillet, selon le département du travail.

Le problème, selon M. Bullard, est que la variation mensuelle de l'IPC a été plus élevée en août qu'en juillet. L'IPC de base a augmenté de 0,3 % contre 0,2 % le mois précédent, tandis que la hausse mensuelle de l'IPC global a été de 0,6 % en août, contre 0,2 % en juillet.

Cette évolution est "un peu préoccupante", a-t-il déclaré, ajoutant que les responsables de la Fed souhaitent que l'inflation diminue plutôt qu'elle ne s'accélère, et que les données de l'IPC "suggèrent qu'elle ne va pas diminuer aussi rapidement qu'ils le pensaient auparavant".

"Cela pourrait modifier le sentiment en faveur d'une trajectoire des taux d'intérêt un peu plus élevée que celle à laquelle on aurait pu s'attendre", a déclaré M. Bullard.

La semaine prochaine, à l'issue d'une réunion de deux jours, la Fed devrait laisser son taux d'intérêt de référence au jour le jour dans la fourchette actuelle de 5,25 % à 5,50 %. La banque centrale publiera également des projections actualisées pour la croissance économique, l'inflation, le chômage et le taux des fonds fédéraux.

La question de savoir si la Fed a encore des choses à faire sur le front de la politique monétaire jusqu'à la fin de l'année fait l'objet d'un débat animé, et les marchés observent attentivement si les responsables suppriment, maintiennent ou même augmentent la prévision faite en juin selon laquelle la banque centrale relèverait les taux une fois de plus cette année, au-delà de l'augmentation d'un quart de point de pourcentage décidée à la fin du mois de juillet.

Selon M. Bullard, ce n'est pas seulement l'inflation qui incite la Fed à agir davantage. Il a fait remarquer que de nombreux décideurs politiques s'attendaient à ce que l'activité soit faible cette année, ce qui ne s'est pas vérifié, et qu'ils devront donc revoir leurs prévisions de croissance à la hausse. Il est possible que ces prévisions revues à la hausse ne modifient pas les attentes des responsables en matière de politique monétaire, mais elles pourraient également ouvrir la voie à une nouvelle hausse des taux d'intérêt, a-t-il ajouté.