par Francesco Canepa et Balazs Koranyi

FRANCFORT, 15 juin (Reuters) -

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de relever ses taux d'intérêt pour la huitième fois d'affilée et a laissé la porte ouverte à d'autres hausses, poursuivant le resserrement de sa politique monétaire malgré les signes de faiblesse l'économie en zone euro.

Comme attendu par les marchés, la BCE a choisi de relever ses taux d'un quart de point, ce qui porte son taux de dépôt à 3,50%, son plus haut niveau depuis 22 ans.

Elle a également déclaré qu'elle s'attendait à ce que l'inflation reste au-dessus de son objectif de 2% jusqu'en 2025 inclus.

"Les décisions futures du Conseil des gouverneurs feront en sorte que les taux d’intérêt directeurs de la BCE soient fixés à des niveaux suffisamment restrictifs pour assurer le retour au plus tôt de l’inflation au niveau de l’objectif de 2% à moyen terme, et qu’ils soient maintenus à ces niveaux aussi longtemps que nécessaire", déclare la banque centrale dans un communiqué.

Le conseil a également acté la fin au 1er juillet des réinvestissements au titre de l'APP (Asset Purchase Programme), qui avoisine les 3.200 milliards d'euros. Une décision qui ne prendra personne au dépourvu puisque annoncée précédemment.

Au lendemain d'une pause de la Réserve fédérale dans son cycle, les observateurs se demandent quelle est l'ampleur des hausses de taux à venir en zone et combien de temps les taux resteront élevés.

Mais l'inflation dans la zone euro, à 6,1% sur un an, reste à un niveau plus important qu'aux Etats-Unis et en excluant les produits alimentaires non transformés et l'énergie, la croissance des prix ralentit lentement.

C'est ce qui incite la BCE à persévérer, en particulier après avoir été prise à contre-pied dans un premier temps par l'envolée des prix et entamé la remontée des taux avec quelques mois de retard sur les autres grands instituts d'émission.

"Les services de l'Eurosystème ont révisé en hausse leurs projections relatives à l’inflation hors énergie et produits alimentaires, en particulier pour cette année et la suivante, en raison d’évolutions haussières antérieures non anticipées et des effets de la vitalité du marché du travail sur le rythme de la désinflation", a fait savoir la BCE.

Les nouvelles projections montrent un taux d'inflation sous-jacente estimé à 5,1% en 2023, avant 3,0% en 2024 et 2,3% en 2025.

De nombreux responsables de la BCE ont déjà fait savoir qu'ils étaient enclins à augmenter les taux à nouveau en juillet. En ce qui concerne la réunion de septembre, leurs positions n'est pas encore faites.

Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d'Etat allemands à dix ans, à 2,53%, est en hausse de plus de huit points de base et l'euro monte à 1,087 dollar. Les actions européennes creusaient leurs pertes en milieu d'après-midi, l'indice Euro Stoxx 50 cédant 0,9%. (Balazs Koranyi, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)