FRANCFORT (Reuters) - La lutte contre l'inflation menée par la Banque centrale européenne (BCE) est entrée dans un "dernier kilomètre facile" et l'institution peut donc continuer à abaisser lentement ses taux directeurs, selon deux chercheurs qui s'apprêtent à rendre leurs conclusions aux gouverneurs de la banque centrale la semaine prochaine.

L'étude, réalisée par Giorgio Primiceri et Domenico Giannone, sera la première à être présentée lors de la réunion annuelle de la BCE qui se tiendra mardi près de Sintra, au Portugal.

Les deux chercheurs ont utilisé un modèle qui décompose l'inflation en fonction de l'offre, de la demande et de l'effet de la politique monétaire sur cette dernière. Ils en ont conclu que l'inflation se dirige vers l'objectif de 2% de la BCE, à moins de nouveaux chocs.

"Cette analyse indique qu'il y a des raisons d'être optimiste en ce qui concerne l'inflation, tant dans l'immédiat que dans un avenir plus lointain", écrivent Giorgio Primiceri et Domenico Giannone dans leur article.

"En fait, notre modèle prévoit un 'dernier kilomètre facile' au cours des prochains trimestres", ajoutent-t-ils.

Selon le document, une baisse de l'inflation au niveau de l'objectif fixé par la BCE est attendue pour l'année prochaine. Il ajoute que l'inflation devrait se maintenir à ce niveau jusqu'en 2026, même si le taux directeur était ramené à 2,5%, contre 3,75% actuellement. Ces observations correspondent aux attentes du marché.

À contre-courant du discours dominant, les auteurs constatent qu'une reprise plus forte que prévu de la demande après la pandémie de COVID-19, plutôt qu'une offre limitée, est le principal facteur à l'origine de la hausse de l'inflation en 2021-22.

Si la BCE avait resserré sa politique plus tôt, l'inflation aurait culminé à seulement 6%, mais au prix d'une perte d'un point de pourcentage de la production économique, selon le document.

"Étant donné que l'activité économique était déjà mise à l'épreuve par des conditions d'offre défavorables, cette politique a probablement contribué à éviter un nouveau déclin substantiel de l'activité économique", ont déclaré les auteurs.

(Reportage Francesco Canepa, version française Augustin Turpin, édité par Blandine Hénault)