La monnaie canadienne a chuté ces derniers jours par rapport à son homologue américain, valeur refuge, en raison de la hausse mondiale des coûts d'emprunt à long terme qui a effrayé les investisseurs.

Mercredi, le huard a atteint son niveau intrajournalier le plus faible en six mois, à 1,3779 pour un dollar américain, soit 72,57 cents américains, avant de reprendre quelques pertes.

"Notre prévision est que le dollar canadien est sous-évalué par rapport au dollar américain sur la base de ses fondamentaux à long terme et qu'il devrait s'apprécier à partir de maintenant", a déclaré Jay Zhao-Murray, analyste de marché chez Monex Canada.

L'une des mesures de la valeur d'une monnaie est la parité du pouvoir d'achat (PPA), c'est-à-dire le taux de change qui égalise le pouvoir d'achat des différentes monnaies. La PPA pour la conversion du dollar canadien en dollar américain est de 1,225, selon les dernières estimations de l'OCDE pour 2022.

La prévision médiane des 41 analystes de change interrogés du 2 au 4 octobre était que le huard se renforce de 2,5 % pour atteindre 1,34 dollar américain en trois mois, ce qui correspond à la prévision d'un sondage effectué en septembre. On s'attend ensuite à ce qu'il atteigne 1,29 dans un an, ce qui correspond également aux prévisions du mois dernier et représente un gain de plus de 6,0 %.

"Pour le Canada, la vigueur des États-Unis constitue un atout majeur à l'heure actuelle ... Nous bénéficions d'effets d'entraînement de la part des États-Unis", a déclaré Mme Zhao-Murray.

Le Canada exporte environ 75 % de ses produits vers les États-Unis, y compris le pétrole, qui a augmenté de plus de 30 % depuis le creux de mai. L'économie américaine a maintenu un rythme de croissance assez solide au deuxième trimestre et l'activité semble s'être accélérée ce trimestre.

Néanmoins, l'économie canadienne risque d'être particulièrement sensible à la hausse des coûts d'emprunt, les ménages ayant emprunté massivement pendant la pandémie pour participer à un marché immobilier en pleine effervescence et en raison d'un cycle hypothécaire particulièrement court.

Cela pourrait signifier que les perspectives de taux d'intérêt plus élevés et plus longs qui sont intégrées dans les marchés par la Banque du Canada et la Réserve fédérale sont un vent contraire pour le huard et que la monnaie pourrait mieux se comporter lorsqu'un cycle d'assouplissement commencera, selon les analystes.

"Le dollar canadien devrait gagner un peu de terrain lorsque les réductions de la Fed se feront sentir", a déclaré Jimmy Jean, économiste en chef au Mouvement Desjardins.