La direction du groupe allemand a déclaré, lors de l'assemblée générale des actionnaires, que des motifs juridiques l'empêchaient de publier les conclusions de cette enquête confiée au cabinet américain Jones Day.

"Il n'y a pas de conclusions écrites de la part de Jones Day et il n'y en aura pas", a déclaré le président du conseil de surveillance Hans Dieter Pötsch.

"Je vous demande de comprendre que VW, pour des raisons légales, n'a pas le droit de publier un tel rapport définitif", a-t-il ajouté devant environ 3.000 actionnaires.

Le cabinet de conseil Hermes EOS a exhorté mardi Volkswagen à rendre ce rapport public afin de tourner définitivement la page de ce scandale, qui a éclaté dans un premier temps aux Etats-Unis.

Le constructeur allemand s'était initialement engagé à informer ses actionnaires des conclusions de Jones Day, qui ont servi de base à l'arrangement conclu avec le département américain de la Justice par lequel Volkswagen a accepté de verser 4,3 milliards de dollars (3,95 milliards d'euros). Il est depuis revenu sur cet engagement.

D'après VW, ce rapport a été inclus dans l'"énoncé des faits" du département américain de la Justice et l'accord conclu aux Etats-Unis interdit la diffusion de conclusions séparées.

L'explication n'a pas convaincu tous les actionnaires.

"Votre référence à l'énoncé des faits accepté aux Etats-Unis est totalement insuffisante et quasiment insultante vis-à-vis de tous ceux qui souhaitent une clarification complète des responsabilités", a dit Christian Strenger, membre du conseil de surveillance de DWS Deutsche Asset Management.

DIFFICULTÉS INTERNES ATTENDUES

Dans le cadre de l'accord conclu aux Etats-Unis, Volkswagen a accepté d'être placé pendant trois ans sous la surveillance d'une équipe conduite par l'ancien vice-ministre de la Justice Larry Thompson.

Matthias Müller, président du directoire de VW, a dit que le constructeur soutiendrait sans réserve l'action de ces superviseurs, qui auront accès aux documents internes du groupe pour évaluer ses efforts en matière de respect des législations sur la protection de l'environnement.

Au total, Volkswagen a accepté de verser 25 milliards de dollars aux Etats-Unis, en amendes, réparations et indemnisations diverses.

"Je perçois cela comme une opportunité", a dit Matthias Müller. "Le travail de cette équipe de supervision peut contribuer et contribuera à porter la gestion du risque, le respect des règles et l'intégrité au sein du groupe à un nouveau niveau."

Sur le plan interne, la direction de Volkswagen s'attend à de nouveaux conflits avec les responsables syndicaux concernant ses économies de coûts visant à améliorer les performances du groupe et à financer une nouvelle stratégie post-Dieselgate.

"Notre chemin est sans aucun doute difficile, il crée des frictions et même parfois des conflits", a dit Matthias Müller. "Mais tous ceux qui sont concernés ont conscience de l'enjeu."

Il a dit que Volkswagen, qui a décidé de miser sur les véhicules à faibles émissions polluantes, poursuivait des négociations intensives avec d'éventuels partenaires en Europe et en Chine dans le secteur des batteries, sans donner de détails. VW apportera bientôt des précisions, a-t-il ajouté.

Le constructeur automobile songe à fabriquer ses propres batteries électriques dans un nouveau centre de recherche à Salzgitter en Allemagne dans le cadre de ses projets d'investissement d'environ 9 milliards d'euros d'ici à 2022.

(Juliette Rouillon et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

par Andreas Cremer