Inconnu du grand public, le groupe détenu par l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar a fait la une des journaux ces dernières semaines lorsque ses difficultés financières ont menacé un temps le devenir d'une soixantaine de films en cours de post-production, dont le troisième opus de "La Vérité si je mens" ou encore le prochain "Astérix".

Les films ont finalement été sauvés après une mobilisation des pouvoirs publics mais la société n'a pu échapper à un démantèlement qui met en lumière les difficultés des métiers techniques du cinéma français au moment où celui-ci collectionne les succès avec le raz-de-marée "Intouchables" dans les salles ou encore le coup de foudre Outre-Atlantique pour "The Artist".

Appelé à se prononcer sur les offres de reprise, le tribunal de Nanterre (Hauts-de-Seine) a retenu celle présentée par Technicolor, actionnaire de Quinta Industries à hauteur de 17%.

Elle porte sur les sociétés Les auditorium de Joinville, ScanLab et SIS, spécialisées dans le son et le numérique. Une nouvelle proposition doit par ailleurs être déposée par Technicolor ce vendredi pour Duboi, une quatrième entité du groupe Quinta.

En revanche, elle n'inclut pas la société LTC, spécialisée dans le tirage de copies en argentique. Le laboratoire de 115 salariés avait justement fabriqué les bobines d'"Intouchables" ou de "The Artist".

JUSQU'A 54 SALARIÉS REPRIS

Technicolor prévoit de reprendre dans un premier temps 34 salariés, soit 70% des effectifs des trois sociétés concernées par la reprise, un chiffre qui pourrait être porté à 54 avec des "réembauches" et si l'offre de reprise de Duboi est acceptée par la justice, a précisé à Reuters Michel Vaquin, président de la branche française de Technicolor Entertainment services.

Le groupe, lui-même confronté à des difficultés, a dit disposer de suffisamment de trésorerie pour financer la reprise, dont les conditions financières n'ont pas été communiquées.

Technicolor a révisé en baisse le mois dernier sa prévision de résultat opérationnel 2011 et décidé une accélération de ses réductions de coûts qui se traduira par 600 suppressions d'emplois sur un total de 17.000 dans le groupe.

"Technicolor est le leader mondial dans les services à l'industrie du cinéma (...) (mais) on était totalement absent du marché français", a expliqué son directeur général, Frédéric Rose lors d'une conférence téléphonique. "Depuis 18 mois, on cherchait des opportunités de s'implanter."

Un numéro vert a été mis en place pour les professionnels du cinéma afin d'assurer la continuité de la post-production des films pris en charge par les sociétés concernées par l'offre de reprise.

Activité stratégique dans le cinéma, la post-production regroupe toutes les activités qui suivent le tournage d'un film : montage, effets-visuels, sous-titrages, tirages des copies qui sont ensuite envoyées dans les salles de cinéma.

Cette filière technique doit toutefois s'adapter au passage au numérique de la projection des films, qui entraîne le déclin inexorable des copies argentiques.

En France, 65% des écrans étaient équipés pour la projection numérique à fin décembre, selon les dernières statistiques du Centre national du cinéma et de l'image animée(CNC).

Edité par Benjamin Mallet

par Gwénaëlle Barzic