Le très suivi rapport mensuel sur l'emploi, publié vendredi par le département du Travail, montre également que le taux de chômage est resté stable à 3,7%, un plus bas de 49 ans, en dépit de la hausse de la population active.

La solidité du marché du travail pourrait apaiser les craintes concernant la vigueur de l'économie américaine après la parution d'indicateurs plus faibles concernant l'immobilier et l'investissement des entreprises.

Les créations d'emplois se sont élevées à 250.000 le mois dernier aux Etats-Unis, tirées par les secteurs de l'hôtellerie et du tourisme qui avaient été affectés en septembre par l'ouragan Florence.

L'industrie manufacturière, comme celle de la construction et des services aux entreprises ont aussi connu de fortes créations de postes en octobre.

Le chiffre des créations d'emplois pour le mois de septembre a par ailleurs été révisé à 118.000, contre 134.000 annoncé initialement.

Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur 190.000 créations de postes en octobre et sur le maintien d'un taux de chômage à 3,7%.

POUSSÉE DES SALAIRES

Le salaire horaire moyen a progressé de cinq cents le mois dernier, soit une hausse de 0,2%, ce qui porte la progression en rythme annuel à 3,1% après 2,9% en septembre. Il s'agit du plus fort taux de croissance des salaires enregistré depuis avril 2009.

Cette progression fait écho à d'autres indicateurs parus cette semaine qui ont montré que les salaires avaient connu leur plus forte croissance au troisième trimestre depuis la mi-2008.

Les employeurs, qui peinent à trouver de la main d'oeuvre qualifiée, sont incités à augmenter les salaires. Le géant du commerce en ligne Amazon a annoncé le mois dernier qu'il allait augmenter le salaire minimum de ses salariés à 15 dollars par heure à partir de novembre.

Les employés du sidérurgiste United States Steel Corp devraient aussi bénéficier d'une forte revalorisation salariale.

Cette hausse des salaires alimente les anticipations selon lesquelles l'inflation globale devrait se maintenir autour de la cible de 2% de la Fed pendant un long moment.

La banque centrale américaine devrait opter pour le statu quo sur ses taux à l'issue de sa réunion de politique monétaire la semaine prochaine. Mais les économistes estiment que les chiffres robustes de l'emploi plaident pour une nouvelle hausse des taux en décembre après les trois relèvements déjà effectués cette année.

SOUTIEN À L'ÉCONOMIE

Les créations d'emplois se sont élevées en moyenne à 218.000 sur les trois derniers mois, soit bien plus que le seuil de 100.000 nécessaire pour faire face à l'augmentation de la population active.

Cela devrait soutenir l'économie américaine au moins jusqu'au début 2019, période à laquelle la croissance du produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis pourrait ralentir alors que les effets de la réforme fiscale de l'administration Trump devraient s'estomper.

Le mois dernier, les créations d'emploi ont progressé de 42.000 dans le secteur des loisirs et de l'hôtellerie. Les effectifs dans la distribution n'ont crû que de 2.400, freinés par les suppressions de postes liées aux difficultés de la filiale Mattress Firm de Steinhoff et aux fermetures de magasins décidées par Sears.

Les créations d'emploi ont progressé de 32.000 le mois dernier dans le secteur manufacturier, après un gain de 18.000 en septembre. Toutefois, le rythme des créations de postes dans cette industrie pourrait ralentir : un sondage paru jeudi a montré une baisse de l'indice mesurant l'emploi dans les usines en octobre.

Les effectifs des entreprises du bâtiment ont augmenté de 30.000 en octobre, en dépit de la faiblesse observée sur le marché immobilier.

Les créations de postes dans le secteur public ont pour leur part augmenté de 4.000 le mois dernier.

Sur les marchés financiers, le dollar a effacé ses pertes face à un panier de devises après la parution du rapport sur l'emploi et le rendement des Treasuries à dix ans a touché un nouveau plus haut en séance, à plus de 3,18%.

(Lucia Mutikani, Blandine Hénault pour le service français)

Valeurs citées dans l'article : United States Steel Corporation, Amazon.com