L'avertissement lancé ce matin par Unilever N.V. a alourdi l'atmosphère boursière pour les acteurs de la grande consommation. Le géant binational – néerlandais et britannique – chute de 6% à 51,63 EUR à Amsterdam en matinée (le titre Unilever Plc baisse dans les mêmes proportions à Londres). Avant l'ouverture, le management a publié un communiqué qui n'y va pas par quatre chemins. La croissance du chiffre d'affaires 2019 sera légèrement inférieure aux objectifs, est-il annoncé dès le titre – on est loin des phrases alambiquées de certaines entreprises françaises pour annoncer une mauvaise nouvelle – à cause des "difficultés rencontrées au cours du trimestre sur certains marchés". En l'occurrence l'Asie du Sud et Afrique de l'Ouest. Dans les marchés développés, tout n'est pas rose non plus même s'il est fait état de "signes avant-coureurs d'amélioration de la performance en Amérique du Nord". Mais cette opération transparence n'a pas atténué la déception du marché. 

Car si la partie résultats ne devrait pas être affectée, assure la direction, les propos du CEO Alan Jope sont prudents pour 2020, puisqu'il prévient d'ores et déjà que la performance du second semestre sera meilleure que celle du premier, lui-même meilleur que le second trimestre 2019. "Nous prévoyons que la croissance du premier semestre sera inférieure à 3%", indique Jope, qui concède, aussi, que la croissance du chiffre d'affaires pour la totalité de l'exercice "devrait se situer dans la moitié inférieure de la fourchette pluriannuelle" de 3 à 5%, i.e. entre 3 et 4%. Les investisseurs n'apprécient guère les projections qui dépendent d'une période éloignée, surtout quand elles sont concomitantes d'un avertissement.

Sur deux ans, la chute du jour rapproche la performance d'Unilever de celle de Danone

L'avertissement d'Unilever pèse sur la tendance européenne en général et sur Danone (-1,5%) et Nestlé (-0,9%) en particulier. Il s'agit de la "plus faible croissance de la décennie" pour le groupe, souligne RBC en ajoutant qu'il faut qu'Unilever investisse davantage. Plusieurs analystes européens ont critiqué, récemment, le manque d'indications objectives du management sur la stratégie mise en œuvre pour atteindre les ambitions de moyen terme.