Rome (awp/afp) - Les actionnaires de la banque italienne UniCredit, engagée dans une vaste réorganisation sous la houlette de son nouveau patron Jean-Pierre Mustier, se prononcent jeudi sur l'augmentation de capital de 13 milliards d'euros prévue pour renforcer sa solidité.

Cette recapitalisation interviendra après une annus horribilis pour les banques italiennes, en particulier pour la Banca Monte dei Paschi di Siena (BMPS), qui devra finalement être nationalisée après l'échec d'une nouvelle recapitalisation sur le marché en décembre.

Le titre UniCredit a lui-même perdu 43% depuis un an, même s'il a amorcé une reprise ces trois derniers mois (+25%), en particulier après l'annonce d'un nouveau plan stratégique le 13 décembre.

Ce plan, conçu sous l'égide de M. Mustier, aux commandes depuis juillet, prévoit outre l'augmentation de capital une réduction massive des effectifs, une amélioration de la qualité des actifs et de la gestion des risques.

Les actionnaires, réunis à Rome à partir de 10H00 GMT, doivent se prononcer sur l'opération de recapitalisation, qui devrait être lancée en février. Selon des informations de presse, UniCredit pourrait proposer un rabais important, avec des titres émis autour de 1,2 à 1,3 euro contre un cours à 2,6 euros jeudi.

M. Mustier va faire le tour des potentiels investisseurs, de Londres à Hong Kong en passant par New York, pour les convaincre de participer à cette quatrième augmentation de capital menée par UniCredit depuis 2008, le plus important appel au marché jamais lancé en Italie.

Après des mois tumultueux, le contexte est désormais un peu plus favorable avec la décision du gouvernement, annoncée fin décembre, de débloquer 20 milliards d'euros pour aider les banques les plus en difficulté - dont la BMPS - et un certain apaisement politique.

Selon la presse, le deuxième actionnaire d'UniCredit, le fonds émirati Aabar Investments, serait prêt à participer.

- 'Signaux très clairs' -

Un succès serait un signe de confiance important donné par le marché, alors que les banques italiennes, plombées par 360 milliards de créances douteuses --des prêts risquant de ne jamais être remboursées-- et par leur faible rentabilité, suscitent de vives inquiétudes.

Depuis son arrivée à la tête d'UniCredit, M. Mustier a oeuvré tous azimuts: il a vendu la filiale de gestion d'actifs Pioneer Investments, 30% de la filiale de courtage en ligne FinecoBank et la majeure partie de sa participation dans la banque polonaise Pekao.

UniCredit figurait parmi les banques les moins performantes lors de tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne: son ratio de fonds durs propres CET1, qui mesure la capacité d'une banque à faire face à une crise, chutait à 7,1% dans le cas d'un scénario économique défavorable.

Pour renforcer sa solidité, la première banque italienne en terme d'actifs va aussi se débarrasser de 17,7 milliards d'euros de créances douteuses, afin de solder "l'héritage négatif du passé".

L'objectif d'UniCredit est d'atteindre un CET1 fully-loaded au-dessus de 12,5% et un bénéfice net de 4,7 milliards d'euros fin 2019.

Pour y parvenir, le plan prévoit la suppression d'ici fin 2019 de 14.000 équivalents temps plein (sur un total de 101.000 ETP) et la fermeture d'un quart des 3.809 agences en Europe occidentale, ce qui va permettre une réduction des coûts de personnel d'1,1 milliard d'euros.

"Transform 2019" vise à faire d'UniCredit "une des banques les plus attrayantes d'Europe", a souligné M. Mustier, qui a décidé de faire lui-même un effort en réduisant de 40% son salaire fixe et en renonçant à un bonus.

UniCredit entend s'imposer comme "une grande banque commerciale paneuropéenne", avec un modèle simple face à des réglementations de plus en plus complexes, a-t-il souligné. Si elle réalise quelque 50% de ses revenus en Italie, elle est déjà aujourd'hui la troisième banque en Allemagne et la première en Autriche.

Avec ce plan, M. Mustier "a donné des signaux très clairs au marché de ce que la banque sera dans les prochaines années: plus grande simplification, concentration sur l'activité de banque commerciale au niveau paneuropéen, innovation numérique pour améliorer le service aux clients et l'efficacité...", explique Marco Giorgino, professeur de finances à l'école Polytechnique de Milan, estimant qu'il s'agit de "la bonne direction pour ramener la banque à des niveaux de profitabilité qui faisaient défaut depuis trop longtemps".

afp/al