Zurich (awp) - La Commission des OPA (Copa) a rejeté les requêtes de plusieurs actionnaires de Schmolz+Bickenbach (S+B) concernant l'octroi d'une dérogation à l'obligation de présenter une offre dans le cadre d'une augmentation de capital destinée à renflouer ses finances. Suite à l'annonce, l'action S+B a plongé à la Bourse suisse.

Dans un communiqué diffusé lundi, le groupe lucernois a fait part de son intention de recourir contre la décision du régulateur et de déposer plainte auprès de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), estimant que la requête de ses actionnaires doit être satisfaite afin de garantir la survie de l'entreprise, en proie à d'importantes difficultés financières.

S+B évoque une "faute de jugement flagrante", soulignant qu'en cas de non réalisation de l'augmentation de capital prévue, le risque de se trouver à court de liquidités augmenterait "de manière drastique".

Tous les détenteurs de parts, y compris plusieurs milliers de petits actionnaires, verraient ainsi leur investissement s'évaporer et plus de 10'000 places de travail, dont près de 800 en Suisse passeraient à la trappe.

Les actionnaires de S+B se verront soumettre le 2 décembre prochain en assemblée générale une augmentation de capital d'au moins 325 millions de francs suisses.

La société Bigpoint, contrôlée par l'actionnaire Martin Haefner - propriété du distributeur automobile Amag - s'était engagée à soutenir l'augmentation, à condition de détenir au moins 37,5% des parts au terme de l'opération.

Liwet - le véhicule d'investissement aux mains du milliardaire russe Viktor Vekselberg, qui détient plus d'un quart du groupe lucernois - veut faire élire quatre nouveaux membres au conseil d'administration en remplaçant notamment le président actuel, Jens Alder.

Opération "essentielle"

En sérieuses difficultés financières, S+B estime que l'absence de dérogation de la part de la Copa aura pour conséquence que les deux actionnaires ne participeront pas, ou insuffisamment, à l'opération de renflouage projetée.

Le groupe industriel lucernois souffre actuellement de la demande souffreteuse du secteur automobile et de l'industrie. Le directeur général (CEO) Clemens Iller avait souligné le caractère "essentiel" de l'augmentation de capital il y a deux semaines lors de la présentation du dernier partiel.

A fin septembre, l'endettement se montait à 724 millions d'euros, un taux jugé "intenable au vu du faible excédent brut d'exploitation" (Ebitda) avait alors fait valoir le directeur financier (CFO) Matthias Wellhausen.

L'aciériste de Suisse centrale précise que les frais à la charge de Martin Haefner et BigPoint Holding, qui ont sollicité la Copa le 24 octobre, et ceux de Liwet Holding, qui se sont adressés au régulateur le 11 novembre, se montent dans chaque cas à 20'000 francs suisses.

Dans une note, la Banque cantonale de Zurich (ZKB) juge que la décision de la Copa "difficile à comprendre" met en danger l'augmentation de capital, et partant, la survie de l'entreprise. Elle estime que la plainte déposée auprès de la Finma était "la seule chose à faire" et appelle de ses voeux une clarification "rapide et pragmatique" de la situation par le gendarme des marchés.

L'annonce du rejet des demandes de dérogation n'a pas été du goût des détenteurs de capitaux. La nominative Schmolz+Bickenbach a dévissé lundi de 5,0% à 0,2565 franc, contrastant avec le marché dans son ensemble (SPI) en hausse en 0,91%.

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