Zurich (awp) - Le groupe industriel Sulzer a fait état jeudi d'un impact limité - autant financièrement que dans le temps - des sanctions américaines auxquelles la société a récemment échappé. Les entrées de commandes ont affiché une solide croissance au premier trimestre, laissant augurer une activité soutenue cette année.

Les coûts occasionnés par le contentieux avec les autorités américaines s'élèveront à environ 10 millions de francs suisses. L'impact de cet épisode devrait se limiter à cette année, a souligné le groupe winterthourois dans un communiqué. Ce dernier a précisé que ses activités tournent désormais "normalement", les clients de Sulzer étant demeurés "loyaux" à l'entreprise.

Au niveau de l'activité, Sulzer a enregistré entre janvier et mars des entrées de commandes en hausse de 18,8% à 900,2 millions de francs suisses, mieux que les 840 millions anticipés par le marché. La croissance organique - ajustée des effets de change et d'acquisitions - a atteint 12,8%. Les rachats ont contribué à hauteur de 44,4 millions.

Les équipements de pompes, principale activité du groupe, ont enregistré une envolée de 26,5% des nouveaux contrats, portées par une forte hausse de 27% des commandes dans le secteur du pétrole et du gaz. Les contrats dans le secteur énergétique n'ont que modérément reculé.

La division Chemtech (+19,8%) a également réalisé une solide progression en matière de nouvelles commandes.

Toutes les régions ont participé à cette croissance, en particulier l'Asie-Pacifique.

La direction a affirmé être en mesure d'atteindre ses objectifs financiers pour cette année, soit une augmentation de 5-7% des entrées de commandes et de 4-6% du chiffre d'affaires. La marge opérationnelle (Ebita) devrait se situer à 9,5%.

RENOVA DANS LE COLLIMATEUR DE WASHINGTON

Sulzer a réussi samedi dernier à se libérer des sanctions américaines qui menaçaient le groupe, détenu majoritairement jusqu'à cette date par l'oligarque russe Viktor Vekselberg, lui-même dans le viseur de Washington. L'Office pour le contrôle des avoirs étrangers (Ofac), qui dépend du Trésor américain, a fourni au groupe winterthourois une licence, "levant de manière explicite le gel des avoirs encore bloqués".

A l'origine de ces problèmes se trouvaient les sanctions décrétées il y a une douzaine de jours par les autorités américaines à l'encontre notamment du milliardaire russe Viktor Vekselberg et de son véhicule d'investissement Renova, alors propriétaire 63,4% du capital-actions de Sulzer.

Pour échapper aux sanctions américaines, le groupe avait procédé en urgence au rachat de cinq millions de ses propres titres à Renova pour un total de 546 millions de francs suisses, faisant reculer la participation de la holding russe dans le groupe suisse à 48,83%.

Les autorités américaines stipulent qu'une personne ou entreprise doit détenir plus de 50% dans une entité pour que cette dernière soit touchée par les sanctions, ce qui n'est donc plus le cas pour Sulzer depuis le transfert des actions. La société winterthouroise détient quant à elle 15,24% de ses propres titres.

Sulzer s'était retrouvé en sérieuse difficulté, ses comptes aux Etats-Unis ayant été placés sous séquestre. L'entreprise était toujours en mesure de verser les salaires et d'honorer ses engagements auprès des fournisseurs, mais ne pouvait plus effectuer d'autres paiements en dollars et conclure de nouvelles affaires.

A la Bourse suisse, ces annonces rassuraient les investisseurs qui propulsaient le titre Sulzer en hausse de 4,4% à 117,30 francs suisses. L'indice élargi SPI égarait pour sa part 0,04%.

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