Rivaux depuis le 19e siècle, Veolia a poursuivi l'acquisition de Suez, plus petit, en faisant valoir qu'ensemble ils pourraient mieux lutter contre les nouveaux challengers mondiaux qui émergent en Chine.

Les deux entreprises seraient également mieux placées pour innover dans des domaines de croissance tels que les services environnementaux et le recyclage, a déclaré Veolia.

L'accord valorise Suez à 20,50 euros (24,4 dollars) par action, soit 12,8 milliards d'euros, ont déclaré les entreprises, après que Veolia, qui détient déjà 29,9% du groupe, a relevé le prix de son offre de 18 euros.

Les actions de Veolia étaient en hausse de plus de 9% et celles de Suez de 7,8% à 1423 GMT.

"Le temps de la confrontation est terminé", a déclaré Antoine Frerot, PDG de Veolia, dans un communiqué.

Suez, dont le siège est à Paris, a repoussé les avances de Veolia depuis que son rival a pris une participation dans l'entreprise en octobre dernier, et a rejeté en février une offre de rachat de 11,3 milliards d'euros.

Les deux groupes se sont affrontés devant les tribunaux et Suez a mis en place des moyens de défense, notamment une fondation pour protéger ses activités françaises dans le domaine de l'eau, qui seront désormais désactivées.

Mais la pression pour résoudre le problème s'est accentuée avant l'assemblée annuelle des actionnaires de Suez qui se tiendra au printemps. Veolia a essayé d'obtenir l'autorisation de voter, ce qui aurait pu entraîner des mesures visant à évincer la direction de Suez.

Suez a cédé du terrain sur certains fronts, acceptant qu'un accord parallèle visant à filialiser certains de ses actifs dans une entité distincte avec de nouveaux actionnaires serait moins important que ce qu'il avait espéré, mais le groupe s'est dit satisfait du résultat et du prix.

"Nous avons utilisé tous les leviers dont nous disposions pour défendre les intérêts de l'entreprise face à une situation hostile", a déclaré aux journalistes Philipp Varin, président de Suez.

La poursuite de tactiques plus défensives risque maintenant de devenir contre-productive, a déclaré M. Varin. L'accord avec Veolia comprend également des garanties d'emploi pour les employés de Suez pendant une période de quatre ans.

Varin a rencontré Frerot pendant le week-end pour conclure l'accord, a déclaré une source familière avec les discussions.

Frerot et Varin ont déclaré lors de conférences de presse séparées que Gérard Mestrallet, qui présidait Suez et Engie, avait aidé à négocier entre les deux entreprises.

Les entreprises ont déclaré qu'elles souhaitaient parvenir à un accord de fusion définitif d'ici le 14 mai.

UN NOUVEAU SUEZ

Dans le cadre de l'accord, et en partie pour atténuer les problèmes de concurrence, certains des actifs de Suez seront regroupés dans une nouvelle entité dont le chiffre d'affaires s'élèvera à environ 7 milliards d'euros.

Les fonds d'investissement Meridiam, Ardian et Global Infrastructure Partners, ainsi que la Caisse des Dépôts et les employés soutenus par l'État, seront actionnaires du "nouveau Suez". Le prix de cette scission n'a pas encore été fixé.

Cette nouvelle entité comprendra principalement les activités de Suez dans le secteur de l'eau en France, mais aussi certains actifs internationaux, notamment en Italie, en République tchèque, en Inde et en Australie. Elle ne comprendra toutefois pas les activités américaines que Suez souhaitait conserver.

Dans le cadre de la reprise, les membres de la direction de Suez seront représentés à plusieurs niveaux, a déclaré M. Frerot aux journalistes. M. Frerot a déclaré que le PDG de Suez, Bertrand Camus, aurait un rôle à jouer s'il le souhaitait, mais qu'il avait "compris que ce n'était pas sa préférence".

Suez n'a pas fait de commentaire immédiat sur le poste de Camus.

Veolia avait initialement proposé 15,5 euros par action lors de sa première tentative de rachat d'une participation dans Suez à Engie, avant de porter ce montant à 18 euros et de conclure un accord en octobre.

(1 $ = 0,8415 euros)