(Actualisé avec médecin allemand sur place)

PEKIN, 7 juillet (Reuters) - Les médecins du dissident chinois Liu Xiaobo n'ont pas arrêté de lui administrer des soins palliatifs pour le cancer du foie en phase terminale qui a justifié sa sortie de prison fin juin, déclare son beau-frère dans une lettre rendue publique vendredi par l'hôpital où il a été admis.

Dénonçant une "rumeur" lancée jeudi par un ami de la famille selon lequel Liu Xiaobo ne serait plus en état de recevoir des soins, son beau-frère, Liu Hui, indique dans sa lettre manuscrite que "la tumeur progresse rapidement" et que son traitement a été "ajusté en conséquence, avec l'accord de la famille".

Un cancérologue allemand a été invité à l'examiner et se trouve d'ores et déjà à l'hôpital de Shenyang où le dissident a été admis fin juin, a-t-on appris de source proche du ministère des Affaires étrangères, à Berlin. "Nous avons appris que son état s'était détérioré rapidement. Cela nous inquiète beaucoup", a-t-on ajouté.

Le lauréat du prix Nobel de la paix en 2010 a été condamné à onze ans de prison en 2009 pour "subversion". Aujourd'hui âgé de 61 ans, il a notamment participé à l'élaboration de la Charte 08, qui appelait à des réformes politiques de grande ampleur.

Les autorités chinoises ont exclu son transfert à l'étranger en invoquant son état de santé, mais l'hôpital a sollicité l'aide de médecins américains et allemands. Un membre de sa famille avait estimé la semaine dernière qu'il n'avait "plus longtemps à vivre".

Le Parlement européen a réclamé jeudi que son assignation à résidence soit levée et que le dissident puisse être soigné là où il le souhaite.

Le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme a pour sa part insisté vendredi auprès de Pékin pour obtenir l'accès à Liu Xiaobo et à son épouse, Liu Xia.

"Les responsables de l'Onu devraient respecter les principes de la Charte de l'Onu ainsi que la souveraineté de la justice chinoise et ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures chinoises", a répliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Geng Shuang.

Selon Patrick Poon, un chercheur de l'organisation Amnesty International basé à Hong Kong, la lettre du beau-frère du dissident pourrait avoir été écrite sous la contrainte, comme c'est courant en Chine.

"Si Liu Hui est libre, pourquoi ne peut-il pas parler aux journalistes?", demande-t-il.

De sources diplomatiques à Pékin, on indique que les autorités chinoises sont nerveuses à l'idée que les inquiétudes soulevées par l'état de santé de Liu Xiaobo puissent éclipser la prestation du président Xi Jinping au sommet du G20 à Hambourg, où il entend se présenter en champion du libre-échange et de la lutte contre le changement climatique. (Christian Sheperd; Tangi Salaün et Jean-Philippe Lefief pour le service français)