Zurich (awp) - Le coronavirus pèse lourdement sur les exportations horlogères suisses. Elles se sont repliées en mars de 21,9% à 1,4 milliard de francs suisses, après un recul de 9,2% en février. La chute devrait encore s'aggraver en avril.

"Bien que très marqué, ce repli est toutefois inférieur à celui constaté au niveau des ventes sur certains des principaux marchés", a indiqué mardi la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FH). La chute des volumes en mars (-43,1%) est plus représentative, en moyenne, de l'état réel du marché horloger. "Une détérioration est attendue en avril", selon le communiqué.

Le mois dernier, les volumes se sont effondrés de près de 700'000 unités pour tomber à un "niveau mensuel inédit" de seulement 900'000. Ils ont été affectés par la baisse des garde-temps en acier, qui ont perdu près d'une pièce sur deux.

Tous les segments de prix ont accusé une forte baisse, aussi bien en valeur (-21,1%) qu'en nombre de pièces (-43,1%). Le repli le plus important a touché les montres entre 200 et 500 francs suisses (prix export), tandis que celles de plus de 3000 francs suisses ont un peu mieux résisté.

Les envois de garde-temps ont particulièrement reculé à Hong Kong (-41,3%). Mais la FH explique que dans l'ancienne colonie britannique, première destination des montres helvétiques en 2019, "le résultat est encore loin de la baisse réelle du sell-out (vente au client) et reflète en partie la moins mauvaise situation des marchés de réexportation alentours".

Effondrement en Europe

En Europe aussi, la situation s'est dégradée, à l'image de l'Italie (-57,6%), de la France (-48%) et du Royaume-Uni (-33,9%) alors que les mesures de confinement de la population et les fermetures des magasins en raison de la pandémie de coronavirus se mettaient progressivement en place.

Contre toute attente, quelques débouchés importants ont affiché une hausse significative, a souligné la FH. Premier marché d'exportation, "les Etats-Unis (+20,9%) en sont l'exemple le plus frappant", vraisemblablement en prévision des difficultés d'expédition à venir.

La Chine (+10,5%) a également présenté une croissance solide, après un effondrement de 51,5% en février en raison du coronavirus. Ce rebond est attribué à une anticipation de la sortie de crise et de la reprise de la consommation. Le Japon a complété le podium (+2,3%).

Selon l'Administration fédérale des Douanes (AFD) mardi, les exportations horlogères se sont repliées de plus de 20% en mars à 1,36 milliard de francs suisses. La chute en termes nominaux atteint -22% et en termes réels -27%.

Bernstein prévient dans un commentaire que "le pire est encore à venir".

Patrik Schwendimann, analyste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), s'attendait à un nouveau recul des exportations en mars. "Alors que la Chine se stabilise, l'effondrement de l'Europe ne fait que commencer. Les Etats-Unis seront aussi sous pression", prévient-il dans un commentaire.

Pour Swatch Group, il table au premier semestre sur un recul du chiffre d'affaires de 30% et de l'Ebit de 80%, puis au second sur un repli de respectivement 5% et 14%. Il estime que le bénéfice annuel va être sabré de moitié. Mais le groupe de luxe biennois est solide financièrement avec une liquidité nette de 1,35 milliard de francs suisses et pourra affronter une période de vache maigre.

Les géants helvétiques de l'horlogerie pâtissaient en Bourse, mardi matin, de ces mauvais chiffres. Vers 11h50, Richemont reculait de 2,6% à 54,10 francs suisses et Swatch Group se rétractait de 3% à 191,45 francs suisses, dans un SLI en retrait de 1,99%.

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