(Résultats actualisés, précisions)

HONG KONG, 25 novembre (Reuters) - Les candidats de la mouvance pro-démocratie ont dominé dimanche les élections locales à Hong Kong, où les habitants ont voté en masse lors d'un scrutin organisé après six mois de contestation anti-gouvernementale.

Au cours d'un rare week-end de répit depuis que le mouvement de contestation a éclaté, les candidats démocrates ont obtenu plus de la moitié des 452 sièges du conseil de district, une première face aux candidats favorable à Pékin disposant de ressources importantes.

Lorsque les premiers résultats du scrutin, qui n'a donné lieu à aucun débordement, ont commencé à être annoncés après minuit, des cris de joie ont retenti dans certains bureaux de vote où l'on pouvait entendre des chants "Libérez Hong Kong" - l'un des slogans des manifestants antigouvernementaux.

Certains candidats victorieux ont dit considérer le résultat du vote dans la région semi-autonome comme un signe de soutien au mouvement de contestation à même de mettre la pression sur Carrie Lam, la cheffe de l'exécutif local soutenue par Pékin.

"C'est le pouvoir de la démocratie. C'est un tsunami démocratique", a déclaré Tommy Cheung, un ex-leader de la manifestation étudiante qui a remporté un siège dans le district de Yuen Long, près de la frontière chinoise.

À 08h00 du matin (minuit GMT dimanche), d'après les estimations des médias locaux, les candidats pro-démocratie avaient obtenu une majorité d'au moins 333 sièges sur 452, contre environ 52 pour le camp favorable au pouvoir en place.

Lors du précédent scrutin, il y a quatre ans, les candidats démocrates avaient remporté seulement une centaine de sièges.

Selon les données officielles, le taux de participation a presque doublé par rapport à 2015 pour dépasser 71%.

Le conseil de district contrôle certaines dépenses et se prononce sur un éventail de questions de subsistance. Il sert aussi de plateforme d'influence politique dans le territoire semi-autonome.

Hong Kong est ébranlé par des manifestations antigouvernementales depuis le mois de juin, sa plus importante crise politique depuis des décennies.

D'abord réunis contre un projet de loi d'extradition vers la Chine continentale abandonné depuis, les manifestants réclament désormais plus largement le respect des principes démocratiques et une enquête indépendante sur les violences policières.

Ils dénoncent également une influence excessive de Pékin qui va selon eux à l'encontre du principe "un pays, deux systèmes" qui a présidé à la rétrocession à la Chine de l'ex-colonie britannique, en 1997.

"Ce résultat est dû à l'espoir de nombreux électeurs de se servir de cette élection pour afficher leur soutien au mouvement (de contestation) et aux demandes des manifestants, et leur mécontentement à l'égard du gouvernement de Hong Kong", a déclaré un ancien chef de file des étudiants, Lester Shum, qui a remporté un siège lors du scrutin.

Le journal China Daily, considéré comme la voix officielle de Pékin en langue anglaise, dit espérer que les élections vont permettre à Hong Kong de revenir à une situation normale.

"La tranquillité relative dont a joui la ville pendant les quelques jours précédant le scrutin suggère que toutes les parties prenantes ont considéré l'élection comme une opportunité d'exprimer leurs opinions", écrit-il dans un éditorial. (Josh Smith, Calre Jim et Felix Tam; Arthur Connan et Elizabeth Pineau pour le service français, édité par Jean Terzian)