Le bilan a été nettoyé de fond en comble, et la gargantuesque dette nette au moment de la banqueroute — $8 milliards en 2017 — ramenée à zéro. En parallèle, la voilure a été drastiquement réduite et le chiffre d'affaires de 2022 ne représente qu'un quart de celui réalisé dix ans plus tôt.

La reprise des forages offshore se fait attendre malgré la remontée des cours du brut. Les résultats annuels du groupe, publiés la semaine dernière, confirment cette conjoncture hésitante.

En surcapacité chronique, le secteur ne s'est toujours pas remis de son expansion incontrôlée entre 1990 et 2010. Trop de plates-formes, trop de dettes : voici une bien funeste combinaison face à une demande en contraction. 

Les gisements offshore actuellement en développement représentent une production journalière d'environ 3.8 millions de barils. C'est moins qu'au début du siècle, lorsque ce chiffre atteignait 4.3 millions de barils. 

Mais les compagnies de forage, à l'instar de leurs cousines du transport maritime, restent d'indécrottables optimistes. En décembre dernier, à peine son bilan assaini, Seadrill repartait à l'assaut du marché avec l'acquisition d'Aquadrill.

Cette opération reconfigure complètement la flotte combinée du groupe, avec une renégociation de tarifs pour plus de la moitié des actifs sous contrat dans les dix-huit prochains mois : si le prix du brut se maintient aux niveaux actuels, Seadrill pourrait — enfin ! — s'offrir une bouffée d'oxygène. 

Le management projette à ce titre un free cash-flow aux alentours de $600 millions. Ces promesses, bien sûr, n'engagent que ceux qui les croient, même si elles se rapportent favorablement à une capitalisation boursière de $3 milliards.

La moitié de l'activité est réalisée dans le Golfe du Mexique, un quart au Brésil et l'autre quart en Angola. Seadrill dispose d'une longue expertise opérationnelle sur ces deux dernières géographies compliquées. 

Les mauvaises langues rappelleront que cet ancrage historique du groupe n'est pas sans lien avec l'éthique des affaires à géométrie parfois variable de son fondateur.