Historiquement, les obligations gouvernementales ont toujours été le premier choix en matière de valeurs refuges ou d'actifs sans risque pour assurer la diversification d'un portefeuille, rappellent Carolina Moura Alves, responsable de l'allocation d'actifs et Sophie Chardon, stratégiste cross-asset senior chez Lombard Odier. Toujours est-il que les rendements actuellement négatifs des obligations gouvernementales en Europe et au Japon ont fondamentalement modifié leur valeur relative par rapport à l'or, observent les deux professionnelles.

Leur capacité à s'enfoncer plus encore en territoire négatif sans aliéner les investisseurs est par ailleurs limitée. Cet état de fait a été mis en évidence par le rallye obligataire mondial de l'été 2019 : les rendements à 10 ans américains se sont effondrés de plus de 130 pb, passant de 2,8% à moins de 1,5%.

Dans le même temps, les indices de référence allemand et suisse n'ont reculé que de 100 pb, atteignant des planchers historiques de respectivement -0,71% et -1,12% en août. Pour Lombard Odier, il est intéressant de noter que les obligations japonaises ont sous-performé leurs homologues en raison du ciblage de la courbe de rendement mis en œuvre par la Banque du Japon, qui vise à ancrer les rendements à 10 ans autour de 0%.

Comme l'or n'a pas de limite à la hausse et bénéficie de la part croissante des obligations portant rendement négatif, le gérant estime que le métal jaune pourrait fortement surperformer (potentiel de hausse de près de 14%) dans un environnement défavorable, qui verrait en parallèle les taux réels américains s'enfoncer de façon significative en territoire négatif. Dans son scénario de base, il maintient son objectif à 12 mois inchangé à 1 450 dollars l'once, prévoyant que la Fed restera en mode attentiste durant les trimestres à venir.

De l'avis de Lombard Odier, l'environnement de rendement négatif des titres gouvernementaux en euro et en franc suisse va perdurer. Cela a des conséquences importantes pour la construction des portefeuilles à long terme. Les rendements attendus des obligations gouvernementales sont plafonnés en cas de scénario de stress et une allocation à l'or devient une nécessité plutôt qu'une simple option.