Francfort (awp/afp) - La croissance du marché automobile allemand a connu un coup d'arrêt en 2018, marquée par les difficultés des constructeurs face à de nouvelles normes européennes anti-pollution, selon les chiffres publiés vendredi par l'Agence fédérale de l'automobile (KBA).

Sur l'ensemble de l'année passée, 3,44 millions de voitures ont été écoulées en Allemagne, soit un recul de 0,2% sur un an, alors que le marché avait progressé de 2,7% en 2017. En décembre, les immatriculations de voitures neuves ont chuté de 6,7%, a précisé la KBA.

La baisse de décembre confirme une tendance observée depuis l'entrée en vigueur des normes WLTP, qui ont désorganisé les lignes de production de plusieurs constructeurs.

Ainsi le marché avait chuté de 30% en septembre, puis de 7% en octobre et de près de 10% en novembre.

"L'offre chez certains constructeurs reste limitée" en raison du retard d'homologation selon les nouvelles procédures anti-pollution, note Peter Fuß, analyste de EY. "Beaucoup de clients reportent leur décision d'achat".

La fédération des constructeurs automobiles allemands (VDA) s'est cependant dite satisfaite des chiffres annuels: "le marché a atteint le niveau très élevé de l'année 2017, ce qui est un bon résultat étant donné les difficultés liées au WLTP", a déclaré Bernhard Mattes, président de la VDA.

Ralentissement économique

Parmi les marques allemandes, la baisse est marquée en 2018 pour Audi (-9,9% à 255.300 unités) tandis que le leader du marché, Volkswagen, affiche une petite hausse de 1,5% sur un an, à 643.518 unités.

Mercedes a reculé de 2,2% à quelque 319.000 unités, tandis qu'Opel, filiale de PSA, a baissé de 6,5% à près de 228.000 unités.

BMW a augmenté ses ventes de 1,2% sur un an, à 265.000 voitures.

Parmi les importateurs, Ford a progressé de 2,3%, à 252.000 voitures, représentant 7,3% du marché. Chez les marques françaises, Renault et Peugeot ont baissé respectivement de 3,4% (3,8% de part de marché) et 3,8% (2,0% de part de marché), tandis que Citroën a vu ses ventes progresser de 4,7% à 55.000 unités ou 1,6% du marché.

L'année 2018 est aussi marquée par le déclin du diesel, dans le sillage du scandale des moteurs truqués: cette motorisation ne représente plus que 32,3% des immatriculations, contre 38,8% en 2017, selon la KBA, tandis que la part des voitures à essence a progressé de 4,7 points, à 62,4% de part du marché.

Les voitures hybrides ont vu leur ventes progresser de plus de 50%, à 130.300 unités, représentant 3,8% du marché. Les véhicules purement électriques ont également progressé (+44%) mais pour des volumes inférieurs (36.000 unités), représentant 1% de part du marché.

Après ce coup de frein, la branche devrait rester sous pression en 2019, notamment en raison de doutes sur la croissance à l'échelle mondiale, explique M. Fuß.

En raison d'un "effet de rattrapage" lié au WLTP, "nous attendons un premier trimestre relativement positif" mais, "au total, des ventes maintenues au niveau de l'année passée seraient déjà un succès", écrit l'expert dans une note. "Il ne sera pas possible d'atteindre beaucoup plus étant donné le contexte économique".

afp/rp