Paris (awp/afp) - Les marchés financiers ont salué mardi l'annulation par Renault de l'introduction en Bourse de sa filiale électrique Ampere, tout comme deux syndicats de l'entreprise, malgré quelques "inquiétudes".

L'action Renault a gagné 1,27% à 34,74 euros mardi, à la clôture de la Bourse de Paris, après avoir tutoyé les 36 euros à l'ouverture.

Le groupe français, qui se redresse après des années difficiles, a annoncé lundi soir l'annulation du lancement en Bourse de cette nouvelle filiale lancée en novembre 2023.

Ampere rassemble les activités électriques et logicielles de Renault en France, avec un total de 11.000 collaborateurs, chargés de lancer les nouvelles R5 et Scenic électriques.

Dans son communiqué, le constructeur a justifié la décision par des "conditions de marché actuelles" et par des rentrées d'argent frais supérieures aux prévisions, qui permettent de financer le développement d'Ampere.

La valorisation de cette filiale en Bourse avait été estimée entre huit et dix milliards d'euros, soit autant que Renault Group.

L'entrée d'Ampere en Bourse devait permettre de la financer sans puiser dans les comptes de Renault, et de récompenser plus vite les actionnaires. Mais le patron du groupe Luca de Meo avait déjà assuré qu'il ne la braderait pas.

Pour les analystes d'Oddo BHF, qui avaient été séduits par le projet Ampere, ce retrait inattendu est "une décision pragmatique dans un contexte défavorable à la fois sur les marchés comme dans le secteur automobile", avec le ralentissement de la croissance des ventes d'électriques.

"Face à l'appétit limité des investisseurs pour ce projet d'entrée en Bourse, et avec une situation financière de plus en plus solide au niveau du constructeur, arriver à une vente était moins prioritaire", commente Oddo dans une note parue mardi.

"Pilier de la stratégie du groupe"

Pour Jefferies, cela "évite également de distraire la direction à un moment critique pour l'industrie et renforce la crédibilité de la direction en matière d'allocation de capital".

Pour Stifel, la dilution potentielle des actions de Renault par des partenaires était le principal inconvénient de cette opération et le fait que Renault garde le contrôle de 100% de sa filiale électrique devrait être "bien accueilli par les investisseurs".

Les actions d'Ampere auraient dû être en partie achetées par Nissan et Mitsubishi, les partenaires de Renault dans l'Alliance, ainsi que par le géant des puces électroniques Qualcomm. Renault doit désormais "discuter" de ces investissements, a indiqué sa direction lundi.

Nissan et Mitsubishi ont "pris note" de cette décision. "Toutes nos collaborations sont maintenues et nous poursuivons nos discussions avec Renault", ont précisé les deux groupes japonais mardi à l'AFP.

Du côté des syndicats, FO Renault Group a indiqué dans un communiqué "prendre acte" de cette annonce.

"Ce projet d'introduction en Bourse a toujours été présenté comme une éventualité dépendant de l'état du marché et de la situation économique du groupe", rappelle l'organisation, qui "se réjouit du redressement économique du groupe et de la poursuite de cet ambitieux projet", "pilier de la stratégie du groupe".

Moins enthousiaste, la CGT Renault rappelle elle "son opposition initiale à cette mise en Bourse" et semble donc se satisfaire de son annulation. "Cependant, ce revirement suscite des inquiétudes", précise l'organisation dans un communiqué distinct.

"Malgré les bons résultats du groupe, il est à craindre que cette situation serve d'argument pour faire des économies sur le dos des salariés lors des négociations annuelles obligatoires qui doivent avoir lieu dans quinze jours", prévient la CGT.

afp/rp