Tokyo (awp/afp) - Le constructeur d'automobiles japonais Nissan a reconduit jeudi à l'identique ses prévisions annuelles, arguant de la volatilité des devises après avoir été fortement affecté par le renforcement du yen sur les neuf premiers mois de 2016/17.

Il a par ailleurs renouvelé sa confiance au Mexique où il est présent depuis 50 ans en confirmant l'avancée de son projet d'usine commune avec l'allemand Daimler. "Nous sommes en bonne voie" pour achever la construction du site et les nouveaux modèles Infiniti, gamme de luxe du groupe, pourront bientôt y être produits, a déclaré le vice-président Joji Tagawa lors d'une conférence de presse.

Au total, 830.000 véhicules sortent chaque année des usines mexicaines de Nissan, dont de nombreuses berlines Sentra et Versa à destination des Etats-Unis.

Son PDG Carlos Ghosn s'est pour l'heure voulu rassurant face à la politique protectionniste de Donald Trump. "Si les règles changent, nous nous adapterons", a répété jeudi M. Tagawa, ajoutant que le groupe allait "surveiller attentivement le sommet" entre le président américain et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, vendredi à Washington.

- L'ombre du scandale Mitsubishi Motors -

Sur le front des résultats financiers, le partenaire du français Renault a accusé un recul de ses profits entre avril et décembre.

Le partenaire du français Renault a dégagé un bénéfice net en baisse de 8,5%, à 414,17 milliards de yens (3,5 milliards d'euros au taux de change retenu par le groupe), sur un chiffre d'affaires en repli de 7,6% à 8.264,8 milliards de yens.

Le profit d'exploitation a chuté davantage encore (-14,3%), en raison d'une multiplication des promotions pour attirer les clients et d'une "intensification de la concurrence" aux Etats-Unis, son premier marché, a souligné le responsable de Nissan.

Il a aussi invoqué l'impact négatif des fluctuations des devises sur la période. "A taux de change constants, le bénéfice d'exploitation a progressé de 30,1%", a assuré Nissan, citant "une solide demande", "un strict contrôle des coûts" et les apports de l'alliance formée avec Renault.

En volume, les ventes ont augmenté de 2,6% à 3,99 millions d'unités, avec une bonne performance aux Etats-Unis (+4,2% à 1,16 million d'unités) et en Chine (+8,2% à 929.000 unités). En Europe, en excluant la Russie, la hausse est de 5,5% à 474.000 unités. Les crossovers Rogue, Qashqai et X-Trail, ou encore la berline Altima ont particulièrement été prisés des automobilistes.

En revanche, la situation au Japon a été "difficile" (-10% à 344.000 véhicules), plombée par la suspension temporaire de la commercialisation de ses mini-voitures produites par son partenaire Mitsubishi Motors, après la révélation d'un scandale de falsifications de données. Nissan, qui a volé au secours de cette société de la galaxie Mitsubishi via l'acquisition d'une part de 34%, entrevoit cependant une amélioration dans l'archipel.

- 10 millions de véhicules -

Pour l'ensemble de l'exercice qui s'achève fin mars, la firme de Yokohama (banlieue de Tokyo) a réitéré ses prévisions, à la différence de ses compatriotes Toyota et Honda qui les ont relevées du fait du recul du yen.

La tendance s'est certes améliorée depuis l'élection en novembre de Donald Trump qui a dopé le billet vert, mais pas suffisamment selon Nissan pour revoir sa copie.

"Nous n'avons pas jugé nécessaire de changer nos projections", a souligné M. Tagawa, insistant sur l'instabilité des marchés, qu'il s'agisse des matières premières ou des taux de change (peso mexicain et dollar canadien notamment).

Le bénéfice net est toujours attendu à 525 milliards (+0,2%), tandis que le bénéfice d'exploitation devrait décliner de 10,5% à 710 milliards de yens.

Le constructeur espère par ailleurs accroître ses ventes en volume de 3,3% à 5,6 millions d'unités, pour des recettes en petite baisse (-3,2%), à 11.800 milliards de yens.

Avec ses alliés Renault et Mitsubishi Motors, Nissan a frôlé les 10 millions de véhicules (9,86 millions exactement) en 2016, se rapprochant de l'américain General Motors (10 millions d'unités), troisième derrière Volkswagen (10,3 millions d'unités) et Toyota (10,18 millions).

afp/rp