* Ségolène Royal salue "une révolte citoyenne"

* Placé met en garde le gouvernement sur la TVA

* Moscovici refuse de céder au "poujadisme fiscal"

* Hidalgo réclame un remaniement gouvernemental

* 72% des Français prédisent une fronde de grande ampleur (Actualisé avec Moscovici, Placé, Le Pen, radars)

PARIS, 10 novembre (Reuters) - La fronde sociale gagne du terrain en France dans le sillage du mouvement breton des "bonnets rouges" et avec elle les alertes politiques et syndicales, qui exhortent l'exécutif à un changement de cap et/ou d'équipes.

Plus de sept Français sur dix (72%) estiment que les mécontentements sociaux actuels vont déboucher sur un mouvement de grande ampleur, selon un sondage Tilder-LCI-Opinionway.

Des manifestations contre l'écotaxe, dont le gouvernement a annoncé la suspension mais pas la suppression, se sont déroulées durant le week-end dans plusieurs départements alors qu'elles étaient pour l'heure circonscrites à l'Ouest.

Des routiers ont organisé des opérations escargot près de Lyon, dans les Bouches-du-Rhône et le Nord. Des portiques écotaxe ont été endommagés dans le Gard, en Charente, dans les Deux-Sèvres.

Une quarantaine de radars ont été vandalisés en Bretagne, a annoncé dimanche le préfet de région à la presse. La moitié sont hors d'usage. Trois personnes ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche en Ille-et-Vilaine alors qu'elles s'apprêtaient à dégrader un radar, a dit Patrick Strozda.

"Ceci a un coût pour la collectivité, le coût moyen d'un radar est de 30.000 euros : c'est donc le contribuable qui une fois de plus va être sollicité", a-t-il ajouté.

Le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a démenti dimanche qu'une date ait été arrêtée pour l'introduction de l'écotaxe. Le Monde évoquait l'échéance du 1er juillet 2014. ( )

"Il n'y a pas de date pour la fin de la suspension. (...) Nous prendrons le temps pour tenter de trouver un accord", a-t-il dit.

Cette éco-redevance sur le transport routier décidée par la précédente majorité dans le cadre du Grenelle de l'Environnement devait entrer en vigueur le 1er janvier prochain.

"COMME UN VOLCAN"

La "révolte citoyenne" bretonne est légitime face à cette taxe "totalement absurde", a estimé dimanche sur Canal+ la présidente de Poitou-Charentes, Ségolène Royal.

Pour l'ancienne candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007, "il y a quelque chose qui est assez réconfortant" et "sain" dans l'initiative des "bonnets rouges" bien que celle-ci traduise "beaucoup de souffrances".

"Je préfère une énergie qui se soulève et qui va déboucher je l'espère sur des solutions que des gens qui (...) vont dans le secret de l'isoloir se réfugier vers des votes aux extrêmes".

Gagnés par le "ras-le-bol" fiscal, deux Français sur trois se disent prêts à descendre dans la rue contre de nouvelles hausses d'impôts, selon un sondage CSA pour BFM TV.

Pour Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, "un sentiment de révolte" se répand face au "touchisme fiscal". "C'est comme un volcan: il y a de la fumée, la terre ne tremble pas mais en dessous, ça bouillonne", a-t-il dit sur i>Télé.

Les "Sacrifiés", des artisans, commerçants et travailleurs indépendants qui se disent condamnés à "une asphyxie fiscale lente et silencieuse", manifesteront mercredi en France contre la hausse de la TVA au 1er janvier 2014.

Le gouvernement présentera mercredi en conseil des ministres le projet de loi de finances rectificative pour 2013. Une réunion de travail gouvernementale sur les finances publiques est prévue le même jour à Matignon.

Pierre Moscovici a écarté tout geste sur la hausse du taux intermédiaire de TVA de sept à dix points. "Quand vous avez une obligation fiscale qui a déjà été votée, la loi est la loi", a-t-il déclaré sur France 5.

"Le gouvernement n'est pas un gouvernement fermé", mais "on ne doit pas céder à des formes de poujadisme fiscal", a-t-il souligné.

"DE LA RÉVOLTE À LA RÉVOLUTION"

Jean-Vincent Placé, président du groupe Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au Sénat, estime que la hausse de la TVA "va peut-être être la goutte de trop". "Faisons-y attention", a-t-il prévenu sur Radio J.

"Le risque, c'est de passer de la révolte à la révolution. Ce danger existe lorsqu'on a un gouvernement qui est autiste", a affirmé Marine Le Pen sur France Inter. "Il existe en France une véritable révolte (...), ce n'est pas une jacquerie locale", a insisté la présidente du Front national.

Le président de l'UMP, Jean-François Copé, s'est inquiété d'"un délitement de la société française à un point inégalé".

"Pour la première fois, on voit une rupture nationale sur le consentement à l'impôt", a-t-il relevé sur France 3. "Il y a des tensions très très fortes, d'autant plus fortes qu'on ne voit pas le cap, on ne voit pas la vision", a-t-il souligné.

François Hollande a défendu vendredi ses choix économiques après la dégradation de la note souveraine de la France par l'agence de notation Standard & Poors, qui qualifie d'insuffisantes les réformes actuelles. ( )

"Nous les écologistes demandons un changement de cap politique, économique, social (...). Il n'est pas trop tard", a dit Jean-Vincent Placé.

Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris, considère que le cap est le bon mais juge qu'il doit être suivi par une nouvelle équipe gouvernementale.

"Il y a des gens sur le banc de touche" et, "quand on est essoufflé, il faut peut-être changer les hommes", a-t-elle dit au "Grand Rendez-Vous" Europe 1-Le Monde-i>Télé. "Je pense qu'il faut aller assez vite car il y a une attente". (Sophie Louet)