par Foo Yun Chee

BRUXELLES, 25 juin (Reuters) - La Commission européenne a accusé mardi Microsoft de grouper illégalement son application Teams à son produit Office, ce qui lui donnerait un avantage injuste et exposerait le groupe américain à une lourde amende.

La Commission européenne a déclaré que ce groupage avait permis à Teams d'être distribué plus facilement, tandis que les concurrents de l'application avaient été entravés par des limitations empêchant leur interaction avec les produits de Microsoft.

"Il est essentiel de préserver la concurrence pour les outils de communication et de collaboration à distance, car cela favorise également l'innovation sur ces marchés", a déclaré dans un communiqué la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager.

La Commission a ajouté que les mesures prises par Microsoft ne résolvaient pas suffisamment à ses préoccupations et que d'autres changements étaient nécessaires pour rétablir la concurrence.

L'autorité européenne souhaite que la société propose Office sans Teams à un prix inférieur à celui qu'elle a proposé, ont déclaré des sources au fait du dossier, tandis que les concurrents de Microsoft veulent des conditions d'interopérabilité plus claires et davantage d'incitations pour que les utilisateurs les adoptent.

Microsoft encourt une amende pouvant atteindre 10% de son chiffre d'affaires annuel s'il est reconnu coupable.

"Après avoir dégroupé Teams et pris les premières mesures en matière d'interopérabilité, nous apprécions la clarté supplémentaire apportée aujourd'hui et nous nous efforcerons de trouver des solutions pour répondre aux préoccupations restantes de la Commission", a déclaré le président de Microsoft, Brad Smith.

L'action de la Commission a été déclenchée par une plainte déposée en 2020 par l'application de messagerie d'espace de travail rivale de Teams, Slack, détenue par Salesforce.

Le président et directeur juridique de Salesforce, Sabastian Niles, a exhorté la Commission à prendre des mesures correctives rapides, contraignantes et efficaces pour rétablir un choix libre et équitable.

Alfaview, concurrent et plaignant allemand, s'est également félicité des déclarations de la Commission.

En avril, Microsoft a séparé Teams d'Office pour tenter de résoudre les inquiétudes européennes et a également facilité l'interopérabilité de ses produits pour ses rivaux, mais des sources ont déclaré qu'il était peu probable que cette scission apaise les régulateurs. (Reportage Foo Yun Chee, version française Corentin Chappron)