ROME, 1er août (Reuters) - Silvio Berlusconi était toujours en attente jeudi en début de soirée de la décision de la Cour de cassation italienne dans l'affaire de fraude fiscale touchant à son empire financier Mediaset, un verdict qui pourrait mettre fin à 20 ans de domination du Cavaliere sur la vie politique italienne.

L'ancien président du Conseil s'est pourvu en cassation après avoir été condamné en appel pour l'achat frauduleux de droits de diffusion par son groupe de télévision Mediaset . En cas de rejet de son pourvoi, il encourt quatre ans de prison, peine ramenée à un an en raison d'une amnistie en 2006, et cinq ans d'interdiction d'exercer une fonction public.

Les cinq magistrats de la haute juridiction se sont retirés pour délibérer à partir de midi (10h00 GMT) après avoir entendu mardi et mercredi les arguments du ministère public et de la défense de l'ancien Président du Conseil italien.

Le délibéré était prévu pour durer cinq heures mais à 16h00 GMT, il n'était toujours pas terminé.

L'arrêt de la Cour de cassation pourrait affecter le fragile gouvernement de "grande coalition" entre le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi et le Parti démocrate (PD) de l'actuel président du Conseil, Enrico Letta.

L'aile dure du PDL a menacé de quitter le gouvernement en masse et d'organiser des manifestations publiques en cas ce condamnation du Cavaliere.

La menace pourrait être plus grande encore du côté du PD, dont de nombreux membres ne sont pas satisfaits de la cohabitation avec les partisans de Berlusconi et qui pourrait aussi se rebeller s'il était condamné.

Le PDL a toutefois tenté de calmer le jeu. Les plus résolus à en découdre ont annulé une manifestation de soutien prévue devant le domicile de leur mentor à Rome.

Silvio Berlusconi, qui a été quatre fois à la tête du gouvernement italien depuis son arrivée en politique en 1994, estime être injustement poursuivi par une justice qu'il accuse d'être orientée à gauche.

Si son pourvoi est rejeté, ce sera sa première condamnation définitive dans la vingtaine de procès qui lui ont été intentés pour une ribambelle d'accusations allant de la fraude fiscale aux relations sexuelles tarifées avec une mineure.

Selon certaines informations non confirmées, les juges attendaient la fermeture des marchés financiers italiens avant de rendre leur décision potentiellement déstabilisatrice.

La cour de cassation dispose de trois options. Elle peut confirmer l'arrêt, le casser et acquitter ainsi Silvio Berlusconi, ou renvoyer l'affaire devant la cour d'appel en invoquant des erreurs de procédure.

En cas de confirmation de la culpabilité de l'ancien président du Conseil, l'interdiction d'occuper un poste officiel dépendra néanmoins du vote de ses pairs au Sénat.

S'il est condamné à de la prison et compte tenu de son âge (76 ans), Silvio Berlusconi effectuera sa peine via un travail d'intérêt général ou sera mis en résidence surveillée.

Selon ses partisans, il continuera à diriger le parti qu'il a fondé. Mais certains observateurs s'attendent à ce que sa fille aînée Marina, 46 ans, qui préside sa holding Fininvest, le remplace à la tête du PDL si sa condamnation est confirmée. (Guy Kerivel et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Eric Faye)