MILAN (awp/afp) - Les groupes Vivendi du tycoon français Vincent Bolloré et Mediaset, propriété du magnat italien Silvio Berlusconi, ont conclu vendredi un "accord stratégique" qui prévoit le rachat de la chaîne payante Mediaset Premium par Vivendi et le lancement d'une plateforme de contenus susceptible de concurrencer l'américain Netflix.

Cette alliance, qui faisait l'objet de spéculations depuis plusieurs semaines dans les médias, se traduira par un échange de participation croisée de 3,5%.

Comme les deux groupes n'ont pas du tout le même poids --Vivendi a une capitalisation boursière de quelque 25 milliards d'euros et Mediaset d'un peu plus de 4 milliards-, l'accord prévoit un montage particulier.

Mediaset Premium, qui passera à 100% sous le contrôle du groupe français, était jusqu'à présent détenu à 89% par Mediaset et à 11% par le groupe espagnol Telefonica.

Selon des chiffres dévoilés par la presse, pour son premier exercice séparé des restes des activités du groupe, ce bouquet, qui dispose en particulier des droits de la Ligue des Champions de football jusqu'en 2018, a essuyé une perte nette de 83,8 millions d'euros.

Il comptait 2,01 millions d'abonnés fin décembre, contre 1,7 millions six mois plus tôt. A titre de comparaison, son concurrent Sky Italian en compte 4,7 millions.

Vivendi possède déjà la chaîne de télévision payante Canal+.

Mediaset a souligné que le projet avec Vivendi permettrait "l'émergence d'un nouvel acteur majeur dans le domaine des contenus" avec la création d'une nouvelle structure, en s'appuyant pour la distribution sur les réseaux télévisés des deux groupes en Italie, France et Espagne.

Il permettra aussi de créer, a-t-il souligné, "la première plate-forme européenne de contenus en streaming", avec la convergence des structures des deux groupes en Italie, France, Espagne et Allemagne, pour proposer "une large offre de films et de sériés télévisées".

- 'Liens étroits avec l'Italie' -

Depuis plusieurs semaines, les médias italiens bruissaient de rumeurs quant à l'intérêt supposé de Vivendi pour Mediaset, et en particulier pour Premium, alors que le groupe français a commencé il y a un an à s'implanter en Italie, déchaînant les spéculations.

Le groupe de Vincent Bolloré est ainsi devenu l'actionnaire de référence de l'opérateur italien Télécom Italia, dont il détient désormais 24,9%.

"Nous croyons à l'intégration entre les sociétés de télécoms et de broadcasting", a récemment affirmé le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine.

L'opérateur italien est désormais dirigé par Flavio Cattaneo, une personnalité ayant les faveurs de Vivendi, après la démission en mars de Marco Patuano, qui avait des divergences stratégiques avec le groupe français.

Vendredi, évoquant l'accord avec Mediaset, le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine a souligné que "cet investissement démontrait une fois de plus notre engagement et nos liens étroits avec l'Italie: la confirmation de notre stratégie, toujours répétée, de créer un groupe pan-européen leader dans le secteur des médias et de la production de contenus".

Selon la presse italienne, Vivendi serait aussi intéressé dans le pays par la société de production Cattleya ("Romanzo criminale, "Gomorra"...).

Outre Mediaset Premium, le groupe Mediaset contrôle trois chaînes de télévision gratuites et herztiennes en Italie (Canale 5, Rete 4 et Italia 1).

Interrogé par les médias, le vice-président de Mediaset, Pier Silvio Berlusconi, a indiqué pour sa part que cet accord ne signifiait pas la sortie de la famille Berlusconi du secteur des médias. "Au contraire, nous avons la volonté et je le dis avec la plus grande conviction d'investir et de développer. La preuve sont les investissements réalisés dans la radio, en matière de livres et avec Banzai".

"C'est un premier pas vers une ouverture européenne", a-t-il dit, en se disant "très satisfait" de cet accord qui "concerne la développement futur d'un point de vue industriel".

Concernant son entrée au conseil d'administration du groupe de Vincent Bolloré, un "ami de longue date" de Silvio Berlusconi, 79 ans, selon ce dernier, il a indiqué ne pas exclure que cela se produise, mais nous parlons de "sociétés quotées, ce n'est pas aussi simple et aujourd'hui ce n'est pas prévu".

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