Londres (awp/afp) - Confronté aux difficultés des ventes en magasin, Marks and Spencer va se lancer dans le commerce alimentaire en ligne au Royaume-Uni, main dans la main avec le distributeur spécialisé sur internet Ocado.

Les deux groupes ont dévoilé mercredi les détails de cette opération qui devrait être mise en place d'ici à septembre 2020 au plus tard.

Dans le détail, Ocado va créer une entité juridique distincte pour son activité de vente en ligne au Royaume-Uni, dans laquelle M&S prendra 50% des parts moyennant le versement de 750 millions de livres à son partenaire (870 millions d'euros).

Une fois cette coopération lancée, les consommateurs britanniques pourront accéder aux produits alimentaires de M&S sur la plateforme internet Ocado.com.

Marks and Spencer vend déjà ses vêtements sur internet mais encore peu ses produits alimentaires, alors qu'ils représentent son activité la plus lucrative ces dernières années en magasin.

Pour y remédier il a donc décidé de s'allier avec Ocado, l'un des groupes les plus en vue du secteur de la distribution britannique, qui profite à plein du boom des ventes en ligne dans l'alimentaire.

M&S a au contraire connu des difficultés ces dernières années, notamment du côté des ventes de ses produits non-alimentaires dans ses grands magasins des centres-villes. En mai dernier, son directeur général, Steve Rowe, a dévoilé la nouvelle étape d'un sévère plan de restructuration qui comprend la fermeture d'une centaine de commerces au Royaume-Uni d'ici à 2022, menaçant potentiellement des milliers d'emplois.

"Cet accord, c'est le mariage de l'ancien et du nouveau", a expliqué Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown. "M&S a tranché: si vous ne pouvez pas battre les nouveaux arrivants, rejoignez-les. A l'ère numérique, il est impossible de laisser de côté la clientèle sur internet pour l'alimentation".

M&S a longtemps rechigné à se lancer sur ce marché au vu du créneau de ses produits: hauts de gamme, les aliments de Marks and Spencer sont généralement achetés avec parcimonie par ses clients qui vont réserver leurs courses plus importantes à des chaînes de supermarchés moins onéreuses.

"Le prix moyen du panier d'un client chez M&S est faible, inférieur à 30 livres, ce qui rend difficilement rentable un service de courses sur internet avec livraison", souligne M. Khalaf. "Mais en s'alliant avec Ocado, où la taille moyenne du panier est supérieure à 100 livres, une proposition en ligne devient viable".

Les clients pourraient en effet acheter une série de produits bon marché de diverses marques proposés par Ocado.com et compléter leurs emplettes avec quelques produits M&S plus onéreux - le tout en un seul achat en ligne.

Pour financer l'achat des 50% de la coentreprise, M&S a précisé qu'il allait augmenter son capital d'un montant maximum de 600 millions de livres en émettant de nouvelles actions. Cette ouverture de capital, combinée à la réduction prévue de 40% du dividende cette année, faisait plonger de 8,64% à 277 pence le titre Marks and Spencer vers 09H45 GMT à la Bourse de Londres.

Les deux jambes d'Ocado

Du point de vue d'Ocado, M&S va se substituer comme fournisseur à la chaîne de supermarchés haut de gamme Waitrose, dont Ocado propose actuellement les produits sur son site.

Ce partenariat avec M&S constitue une bonne nouvelle pour Ocado, trois semaines après le violent incendie qui a ravagé un de ses entrepôts robotisés dans le sud-ouest de l'Angleterre.

L'action Ocado avait clôturé mardi en très forte hausse de 11,71% à la Bourse de Londres, après que les deux partenaires eurent annoncé discuter d'une éventuelle coentreprise, et gagnait encore 1,62% à 1.006 pence mercredi matin.

Avec cet accord, Ocado concrétise ce qui était attendu depuis quelques mois par les analystes: sa scission en deux entités peu ou prou distinctes, l'une spécialisée dans la vente en ligne et l'autre dédiée à la fourniture à d'autres distributeurs des technologies logistiques et robotiques nécessaires à des livraisons rentables.

afp/jh