Washington (awp/afp) - Une haute responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) a mis en avant mardi le problème des inégalités sociales grandissantes aux Etats-Unis qui affectent le potentiel de croissance de la première économie mondiale.

"Dans la mesure où les disparités de revenus et de patrimoine entre les races (...) et les régions géographiques ont une conséquence sur les opportunités économiques, les familles et petites entreprises de ces groupes désavantagés vont moins investir et la croissance potentielle ne va pas atteindre le niveau qu'elle devrait", a affirmé la gouverneur de la banque centrale Lael Brainard.

Dans un discours à Washington, elle a signalé que, selon une enquête de la Fed à paraître mercredi, la part des revenus américains détenus par les 1% des ménages les plus riches a atteint 24% en 2015 contre 17% en 1988. Quant à la part du patrimoine, elle revient à hauteur de 39% à ces 1% les plus riches en 2016, contre 30% en 1989, selon les chiffres de la Fed.

"Cette inégalité grandissante des revenus pourrait aussi plomber les dépenses de consommation", souligne-t-elle alors que les ménages les plus riches ont tendance à économiser et placer davantage leur argent que les moins aisés, qui n'ont pas d'épargne et dépensent plus en proportion de leurs revenus.

Mme Brainard a souligné "les disparités persistantes" entre les races notamment au niveau de l'emploi: le taux de chômage était de 3,9% pour les Blancs en août contre 7,7% pour les Noirs, mais, point positif, cet écart est en diminution, se révélant "le plus faible depuis le milieu des années 1970".

En revanche, les disparités géographiques vont croissant, "communautés rurales et petites villes connaissant un recul économique profond qui peut laisser une marque pendant longtemps".

Les études montrent que ces communautés, affectées par le changement technologique et la globalisation, rencontrent désormais une hausse des taux d'invalidité, des divorces, des cancers du poumon et des maladies cardiovasculaires, sans compter la crise des opioïdes.

L'épidémie de surdoses aux opioïdes "apparaît être particulièrement aigüe dans les petites villes et les campagnes", a souligné Mme Brainard, revenant sur un sujet qui a déjà été évoqué récemment par la présidente de la Fed Janet Yellen au Congrès.

La gouverneur a par ailleurs noté que les Américains, connus autrefois pour être une population très mobile face aux opportunités de travail, manquent désormais de mobilité.

"En 2016, la part de la population qui a déménagé aux Etats-Unis au cours de l'année écoulée était de 11%, par rapport à 17% au début des années 1980", a souligné la responsable.

Selon elle, l'explication ne réside pas seulement dans le vieillissement de la population ou l'accroissement de l'usage des télécommunications, mais dans le fait "que davantage de travailleurs perçoivent que les opportunités d'emplois ne sont guère meilleures ailleurs".

Cette érosion du dynamisme de l'emploi aux Etats-Unis avait également été signalée par un haut responsable du FMI lundi lors d'une conférence économique à Cleveland, où Janet Yellen, la présidente de la Fed, devait aussi prendre la parole mardi.

afp/rp