par Susan Cornwell

WASHINGTON, 20 octobre (Reuters) - Barbara Comstock, qui fait campagne pour être réélue à la Chambre des représentants le 8 novembre sous l'étiquette républicaine, s'emploie depuis des mois à faire oublier Donald Trump, mais ses difficultés illustrent l'ampleur de la tâche.

Cette avocate et ancienne lobbyiste représente une riche circonscription du nord de la Virginie où le candidat à la présidentielle est devenu un fardeau, que son opposante démocrate ne se prive pas de lui accoler.

Dans les spots de campagne locaux, LuAnn Bennett saisit chaque occasion pour établir un lien entre le milliardaire new-yorkais et son adversaire républicaine, une stratégie qui pourrait bien porter ses fruits.

Le Cook Political Report, une publication non partisane consacrée aux élections présidentielle et législatives du 8 novembre, estime désormais que le duel Comstock-Bennett est indécis, alors qu'il le voyait auparavant pencher en faveur de la républicaine.

Cela fait pourtant des mois que Barbara Comstock, qui a 57 ans, s'efforce de prendre ses distances avec le magnat de l'immobilier.

En avril dernier, elle a estimé que Donald Trump était en réalité un démocrate ne connaissant rien à l'économie.

En décembre 2015, elle a qualifié de "stupide" et "anti-américaine" son idée d'interdire tous les musulmans de territoire américain et en mars, elle a fait savoir que l'argent reçu de Donald Trump pour sa campagne avait été reversé à des organisations caritatives.

Après la diffusion, le 7 octobre dernier, de la vidéo montrant le candidat républicain proférer des propos obscènes sur les femmes, Barbara Comstock a annoncé qu'elle ne voterait pas pour lui et souhaité qu'il renonce à briguer la Maison blanche.

Mais à moins de trois semaines de l'Election Day, il est peut-être déjà trop tard.

UNE AUBAINE

"Dans une année normale, Comstock serait clairement favorite, mais aujourd'hui, son statut est menacé à cause de Trump", observe Kyle Kondik, de la lettre d'information Sabato Crystal Ball, éditée par le Virginia Center for Politics.

LuAnn Bennett avoue quant à elle que Trump a été "une aubaine" pour sa campagne.

Cette cadre du secteur immobilier, âgée de 63 ans, juge que Comstock a attendu trop longtemps avant d'annoncer qu'elle ne voterait pas pour Trump.

Elle avance que les idées de sa rivale sur l'immigration, l'avortement ou le changement climatique sont "incroyablement semblables" à celles de l'ancien animateur de téléréalité.

La candidate républicaine rétorque pour sa part que LuAnn Bennett ne ferait qu'avaliser sans discuter les décisions d'Hillary Clinton si elle était élue à la Chambre.

"Je suis la seule des deux qui (...) a déjà fait preuve de franc-parler, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de mon parti", a-t-elle dit mercredi à l'issue d'un débat avec Bennett.

S'étendant de la banlieue de Washington à la vallée de Shenandoah et la frontière de Virginie occidentale, la circonscription conquise par Barbara Comstock en 2014 abrite des milliers de fonctionnaires du gouvernement, ainsi qu'un bon nombre de lobbyistes et de membres de ces "élites" de Washington que Donald Trump ne cesse de fustiger.

Ce 10e district est représenté au Congrès par un républicain depuis 1981, mais ses électeurs se montrent plus indécis lors du scrutin présidentiel.

D'après LuAnn Bennett, les démocrates prévoient qu'environ 140.000 électeurs de plus qu'en 2014 viendront voter le 8 novembre.

"Nous avons une communauté latino de plus en plus importante, une communauté asiatique de plus en plus importante, et ces communautés sont très perturbées par le discours entendu côté républicain, et très inquiètes sur la direction que prend ce pays", ajoute la candidate démocrate.

Pour Stephen Farnsworth, professeur de science politique à l'université de Mary Washington à Fredericksburg, Virginie, "avec l'affaire de la vidéo obscène, Trump n'est plus seulement un poids pour Comstock, mais un boulet".

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LE POINT sur la campagne présidentielle: (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)