ROME, 8 mars (Reuters) - Les divergences sur la construction de la liaison TGV entre Lyon et Turin ont connu une soudaine escalade jeudi, avec un vif échange par presse interposée entre les deux vice-présidents du Conseil italien, et pourraient mettre en péril la coalition gouvernementale en Italie.

Le projet est au point mort depuis des mois parce que les populistes du Mouvement 5-Etoiles (M5S) s'y opposent, alors que leurs partenaires gouvernementaux de la Ligue (extrême droite) y sont favorables.

Après que le chef de file de la Ligue, Matteo Salvini, a déclaré dans un entretien télévisé jeudi soir qu'il ne ferait pas marche arrière et que son parti ne "signerait jamais" un décret pour bloquer le projet, le dirigeant du M5S Luigi di Maio l'a accusé de vouloir mener le gouvernement à sa chute.

"Il en portera la responsabilité devant des millions d'Italiens", a déclaré Di Maio dans un communiqué.

"Je considère qu'il s'agit d'un comportement irresponsable", a-t-il ajouté.

Rome et Paris ont décidé en décembre de geler l'attribution de nouveaux contrats pour le percement d'un tunnel de 58 km de long sous les Alpes jusqu'à la publication des résultats d'une étude coûts-bénéfices réalisée par des experts, qui ont conclu le mois dernier que le projet serait un gaspillage d'argent public et que le retour sur investissement serait "fortement négatif".

Le Premier ministre italien, Giuseppe Conte, avait émis plus tôt dans la journée des doutes quant à la viabilité du projet, soulignant qu'il en ferait part à la France et à l'Union européenne, qui a promis de financer environ 40% des coûts.

Conte avait annoncé en début de semaine qu'une décision serait prise d'ici à vendredi sur la TAV. Au même moment, le sous-secrétaire à l'Environnement, Stefano Buffagni, avait déclaré que le M5S était prêt à quitter le gouvernement si le projet n'était pas abandonné. (Gavin Jones et Giuseppe Fonte; Jean Terzian pour le service français)