* Donald Trump dit croire en la sincérité du président russe

* Le sénateur McCain s'étonne qu'il accorde plus de crédit à un ancien gradé du KGB qu'au renseignement américain (Actualisé avec réactions à Washington, derniers paragraphes)

DANANG, Vietnam, 12 novembre (Reuters) - Le lien prétendu entre l'ancien directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, et la Russie a été fabriqué de toutes pièces par les adversaires du président américain dans l'intention de lui nuire, a affirmé samedi le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine.

Les informations d'après lesquelles des proches du président russe ont eu des contacts avec l'équipe de campagne de Trump sont erronées, a ajouté Poutine lors d'un point de presse à l'issue du sommet de l'Apec (Forum économique Asie-Pacifique) à Danang, au Vietnam.

"Il n'y a aucune confirmation que nos médias de masse se soient livrés à des ingérences dans des campagnes électorales, et il ne peut pas y en avoir", a-t-il dit à la presse.

Paul Manafort et son associé Rick Gates ont été inculpés fin octobre de douze chefs d'accusation, dont conspiration contre les Etats-Unis et blanchiment d'argent, comme l'a dévoilé le procureur spécial Robert Mueller, qui enquête sur les ingérences de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016.

Les deux hommes ont été assignés à résidence. Il s'agit des premières inculpations prononcées dans le cadre de l'enquête menée par Mueller, ancien directeur du FBI, qui a été nommé en mai pour faire la lumière sur cette affaire qui empoisonne la présidence Trump depuis son arrivée à la Maison blanche.

A l'issue du sommet de l'Apec, Donald Trump, qui rejette en bloc les accusations de collusion et parle de "chasse aux sorcières", a dit croire que Vladimir Poutine était parfaitement sincère dans ses démentis.

"Chaque fois qu'il me voit, il me dit qu'il n'a pas fait ça (s'ingérer dans les élections), et je crois vraiment qu'il est sincère", a déclaré le président Trump aux journalistes, à bord d'Air Force One, après avoir quitté le sommet.

"Je pense qu'il se sent très offensé par ça, ce qui n'est pas une bonne affaire pour notre pays", a ajouté Trump, qui, au Vietnam, a rencontré Poutine pour la première fois depuis le mois de juillet.

"LA PAROLE D'UN COLONEL DU KGB"

Trump et Poutine se sont brièvement rencontrés avec Poutine en marge du sommet de Danang. Les deux dirigeants, qui ont adopté une déclaration commune sur la Syrie, ne s'étaient plus croisés depuis le mois de juillet.

Mais à Washington, les dénégations de Poutine ne convainquent pas tout le monde.

Le sénateur républicain John McCain, qui préside la commission sénatoriale des Services armés, s'est ainsi étonné que l'on puisse "placer les paroles d'un colonel du KGB au-dessus de la communauté américaine du renseignement".

Dans un rapport déclassifié publié début janvier, avant son investiture, la CIA (Central Intelligence Agency), le FBI (Federal Bureau of Investigation) et la NSA (National Security Agency) ont conclu à une ingérence de Moscou pour favoriser son élection face à Hillary Clinton, jugée moins favorable aux intérêts de la Russie.

"Il n'y a rien d''America First' là-dedans", a insisté McCain en reprenant le slogan de Trump, ajoutant que "Poutine ne porte pas les intérêts de l'Amérique au coeur". "Penser autrement est non seulement naïf mais met aussi notre sécurité nationale en danger", a-t-il poursuivi.

Le démocrate Adam Schiff, qui siège à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, a lui aussi déploré les propos de Trump.

"Le président ne trompe personne. Il sait que les Russes sont intervenus en piratant et en publiant les courriels de son adversaire, et qu'il en a exploité les fruits encore et encore durant la campagne", a-t-il ajouté dans un communiqué. (Denis Pinchuk et Steve Holland avec Mark Hosenball et Mike Stone à Washington; Eric Faye et Henri-Pierre André pour le service français)