par Stephen Kalin

CAMP TEL SARHAN, Liban, 11 décembre (Reuters) - Les premières neiges de l'hiver ont commencé mercredi à recouvrir certaine régions du Liban et les enfants des familles de réfugiés ayant fui la guerre en Syrie en ont profité pour se livrer des batailles de boules de neige.

L'arrivée de la tempête Alexa, accompagnée de vents violents et de températures glaciales, marque pourtant le début de nouvelles difficultés pour les 2,2 millions de Syriens réfugiés à l'étranger et les millions de leurs compatriotes déplacés dans leur propre pays.

L'hiver qui commence est le troisième depuis le début du soulèvement contre le régime de Bachar al Assad en Syrie.

La neige a provoqué le chaos dans la région et a cloué au sol les avions qui devaient ouvrir le pont aérien censé permettre l'acheminement d'une aide humanitaire d'Irak vers les régions kurdes du nord-est de la Syrie, où des dizaines de milliers de personnes sont hors d'atteinte.

Au Liban, dans la vallée de la Bekaa proche de la frontière, un campement de tentes accueille un millier de réfugiés contraints de vivre dans des conditions précaires.

Dans sa tente au sol recouvert de boue, Ibrahim, 27 ans, essaie de s'abriter de la neige que des bourrasques de vent poussent près de l'entrée. Dans un coin, des enfants sont rassemblés autour d'un feu allumé dans une caisse en métal.

"La tempête va nous achever. Ça gèle maintenant. Je cherche refuge auprès de Dieu", dit-il à Reuters.

Sa famille n'a pas assez d'argent pour se nourrir ou bâtir un abri plus solide.

Des hommes ont rempli des sacs avec tout ce qu'ils ont pu trouver pour faire tenir les tentes. Ils ont installé des pneus et des briques au sommet de structures en bois fragiles pour empêcher le vent de les emporter.

Plus de 835.000 réfugiés syriens vivent au Liban dans des campements de tentes, des bâtiments inoccupés ou chez des connaissances. Le gouvernement libanais ne veut pas les installer dans des camps officiels de crainte qu'ils ne restent définitivement, même si les organisations humanitaires leur fournissent nourriture, tentes, couvertures et vêtements.

LE GOUVERNEMENT DIT FAIRE "DE SON MIEUX"

Arrivé la semaine dernière, Ibrahim juge l'aide insuffisante pour les nouveaux arrivants. "Nous sommes venus en hiver mais on aurait mieux fait de rester en Syrie. Au moins si on meurt, on meurt chez soi", dit-il.

Simon Ingram, porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), dit que son organisation a pu mobiliser des approvisionnements supplémentaires pour les réfugiés syriens au Liban et dans les autres pays de la région en raison de l'hiver. Mais, ajoute-t-il, "les besoins dépasseront ce que nous et nos partenaires sommes capables de fournir".

Responsable des services météorologiques du Liban, Mark Whaybeh rappelle que lors des hivers précédents, la pluie et la neige se sont faites plus fréquentes et les températures ont diminué en décembre puis en janvier.

"Nous en sommes encore au début de la saison", dit-il. "On devrait avoir des périodes de pluie et de froid au cours des deux prochains mois."

Selon lui, la tempête Alexa va rester active jusque samedi soir et les températures pourraient descendre jusqu'à -7° Celsius dans certaines régions montagneuses du Liban.

Le ministre libanais des Affaires sociales, Waël Abou Faour, assure que le gouvernement "fait de son mieux" pour venir en aide aux réfugiés et que l'armée a été mobilisée pour préparer des abris en prévision de l'hiver.

Sa principale inquiétude, a-t-il dit à Reuters, porte sur les réfugiés installés dans une zone inondable près du Litani, une rivière qui a débordé en janvier.

Waël Abou Faour cherche à reloger ces réfugiés mais selon lui, aucune place n'est disponible pour l'instant. "C'est au-delà de nos capacités", dit-il. "Nous avons essayé les mosquées, nous avons essayé les écoles, on a essayé partout. Ça va être une catastrophe."

A cause du mauvais temps, le pont aérien entre l'Irak et le nord-est de la Syrie n'a pas pu être ouvert.

"L'aéroport de Kamichli (en Syrie) a suspendu tous les vols en raison des conditions météorologiques, de la neige et de la mauvaise visibilité", a dit Dan McNorton, porte-parole du Haut Commissariat de l'Onu pour les réfugiés (HCR).

"Nous ne pourrons pas effectuer ces vols tant que le temps ne se sera pas amélioré", a-t-il ajouté. (Avec Oliver Holmes et Reuters TV à Beyrouth et Stéphanie Nebehay à Genève, Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser)