L'activité économique en Allemagne a bénéficié principalement l'an dernier du dynamisme de la consommation privée et de la hausse des dépenses publiques liée entre autres à l'afflux de réfugiés.

Ces deux évolutions ont plus que compensé la contribution négative (-0,1 point) du commerce extérieur, conséquence de la dégradation de la demande de plusieurs grands partenaires commerciaux de l'Allemagne.

Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une hausse de 1,8% du PIB en 2016 après celle de 1,7% enregistrée en 2015. Le chiffre de 1,9% publié par Destatis correspond à la plus élevée des estimations du consensus.

Destatis a précisé que le seul quatrième trimestre 2016 devrait afficher une croissance d'environ 0,5%.

Pour le ministère de l'Economie, les données disponibles sur les commandes et la confiance suggèrent que la croissance devrait rester soutenue début 2017.

"Globalement, le constat d'une économie solide, forte, tirée par l'activité intérieure reste valable", écrit-il dans son rapport mensuel.

Pour Carsten Brzeski, économiste d'ING, "l'économie allemande, en 2016, a une fois de plus résisté à une longue liste de risques à la baisse, grâce à la vigueur de la demande intérieure" mais Berlin ne doit pas relâcher sa vigilance.

"L'économie a un besoin urgent d'un nouvel élan apporté par de nouvelles réformes structurelles et une augmentation de l'investissement public et privé. Il est très improbable qu'elle en bénéficie avant les élections", explique-t-il.

Les élections fédérales allemandes doivent avoir lieu en septembre.

CROISSANCE SOUTENUE ET EXCÉDENT BUDGÉTAIRE

Le détail des chiffres du PIB 2016 montre que la consommation privée a augmenté de 2,0% en données ajustées sur l'année, contribuant à la croissance globale à hauteur de 1,1 point de pourcentage.

Les dépenses publiques ont quant à elles progressé de 4,2% après +2,7% en 2015, ce qui équivaut à une contribution de 0,8 point à la croissance du PIB.

La contribution de l'investissement des entreprises n'a été que 0,1 point, celle de la construction de 0,3 point.

Le commerce extérieur, qui constitue pourtant une force emblématique de l'économie allemande, affiche quant à lui une contribution négative à l'évolution du PIB, à hauteur de 0,1 point, les exportations ayant augmenté moins vite que les importations.

Pour les finances publiques allemandes, 2016 devrait se solder par un excédent de 6,2 milliards d'euros, grâce à la croissance et à la faiblesse des coûts de financement de l'Etat, a-t-on par ailleurs appris jeudi de sources gouvernementales haut placées.

L'Etat fédéral n'a pas eu à augmenter ses emprunts nets l'an dernier pour la troisième année consécutive. En 2015, l'excédent des finances publiques avait été de 12,1 milliards d'euros, ont précisé les sources.

"Nous voulons montrer à la chambre basse du Parlement que cet argent est utilisé pour amortir la dette", a déclaré l'une d'elles.

A huit mois des élections, le débat est ouvert sur l'utilisation de l'excédent budgétaire: les conservateurs du camp de la chancelière Angela Merkel privilégient son affectation au désendettement tandis que les sociaux-démocrates, leurs partenaires au sein de la coalition gouvernementale, penchent pour une augmentation de l'investissement public. Certains conservateurs bavarois préconisent quant à eux des allègements d'impôts.

Les sources gouvernementales ont expliqué que Berlin voulait aussi adresser un message à ses partenaires européens sur le fait que dégager un excédent budgétaire n'était pas incompatible avec la croissance.

"Nous montrons que l'on peut faire les deux", a dit l'une d'elles.

(avec Gernot Heller; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)

par Michael Nienaber et Joseph Nasr