PARIS, 1er février (Reuters) - Le ministre grec des Finances a proposé, dimanche, d'élaborer d'ici un mois des propositions afin de parvenir à un accord avec les créanciers internationaux d'Athènes, excluant de solliciter une nouvelle tranche d'aide d'ici-là.

Yanis Varoufakis a formulé cette proposition à l'issue d'une rencontre à Paris avec son homologue français Michel Sapin qui s'est dit ouvert à des discussions sur les moyens d'alléger le fardeau de la dette publique grecque tout en réaffirmant qu'il n'était pas question de l'annuler.

Yanis Varoufakis a déclaré que son pays était devenu dépendant à l'endettement et qu'il était temps de "décrocher".

"Ce n'est pas que nous n'avons pas besoin d'argent, nous sommes aux abois", a-t-il dit lors d'une conférence de presse commune avec Michel Sapin.

"Au cours des cinq dernières annnées, la Grèce n'a vécu que pour la tranche de prêt à venir. Comme des toxicomanes, nous ne pensions qu'à la dose suivante", a-t-il dit ajoutant qu'il était temps de "décrocher".

Il a avancé un calendrier pour une négociation avec les créanciers du pays qui a bénéficié de programmes d'aide d'un montant total de 240 milliards d'euros, estimant que, si Athènes pouvait disposer d'un mois pour formuler ses propositions, il serait envisageable de parvenir à un accord réaliste avec ses partenaires six semaines plus tard.

S'il a exclu une nouvelle tranche d'aide pendant cette période, il a dit espérer que son gouvernement trouve un accord avec la Banque centrale européenne pour assurer la liquidité de l'économie.

Soulignant que la place de la Grèce était dans l'euro, Michel Sapin a renouvelé la proposition de la France d'aider Athènes à trouver un nouvel accord avec ses créanciers.

"La France jouera son rôle" en tant que nation amie de la Grèce", a dit le ministre français des Finances.

Il a insisté sur la nécessité de dialoguer avec l'ensemble des institutions impliquées dans la situation grecque: la Banque centrale européenne, le Fonds monétaire international, l'Union européenne, la Commission européenne et l'Eurogroupe.

Il faut "un nouveau contrat" avec la Grèce, a déclaré Michel Sapin, insistant sur le fait que le nouveau gouvernement grec devait avoir le temps de "respirer" pour proposer des "outils" afin de sortir des difficultés et pour construire son programme de réformes.

La discussion doit s'ouvrir sur les moyens d'alléger le fardeau de la dette publique grecque, mais il n'est pas question d'annuler cette dette, a-t-il répété.

Avant la victoire du parti de gauche radicale Syriza aux élections législatives en Grèce, son candidat Alexis Tsipras avait souhaité une annulation d'une partie de la dette grecque détenue par les Etats européens, le rééchelonnement de la dette grecque détenue par la Banque centrale européenne et le paiement de la dette détenue par le Fonds monétaire international.

Yanis Varoufakis a rencontré vendredi le secrétaire américain au Trésor Jack Lew. Il doit se rendre lundi à Londres puis mardi à Rome, où le rejoindra Alexis Tsipras, devenu Premier ministre.

Ce dernier a prévu de rencontrer mercredi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, ainsi que François Hollande.

Yanis Varoufakis s'est aussi dit désireux de parler au ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, alors que Berlin n'a cessé d'insister sur la nécessité pour la Grèce de rembourser ses dettes. (Jean-Baptiste Vey et Ingrid Melander, édité par Jean-Philippe Lefief)