(Bien lire 2001 et non 2011 au §10)

* Réunion des ambassadeurs lundi à Bruxelles

* Les aides, les liens commerciaux à l'étude

* Plus de 800 morts en quatre jours en Egypte

par Justyna Pawlak

BRUXELLES, 18 août (Reuters) - Les gouvernements de l'Union européenne s'interrogent sur la meilleure manière d'utiliser leurs liens économiques avec l'Egypte pour persuader les autorités de transition de trouver un compromis pacifique avec les partisans du président déchu Mohamed Morsi.

Des discussions auront lieu dès lundi à Bruxelles entre diplomates des Vingt-Huit pour définir les domaines de coopération économique qui pourraient être visés. Elles seront suivies rapidement d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

"Les ministres prendront des décisions vers le milieu de la semaine. Je n'ai pas à préjuger de la décision qui sera prise", a déclaré dimanche le chef de la diplomatie française Laurent Fabius à l'issue d'un entretien avec son homologue qatari.

En jeu, des aides et des prêts pour un montant total de cinq milliards d'euros promis par l'UE, ses pays membres et les institutions financières internationales l'an dernier à l'Egypte, soulignent experts et responsables européens.

Cette capacité de pression sur Le Caire reste toutefois limitée - la majeure partie de l'aide actuelle est déjà bloquée en raison de réformes démocratiques jugées inadéquates.

Mais l'espoir est qu'un tel signal envoyé par les Européens pourrait contribuer à prévenir un nouveau bain de sang entre l'armée et les Frères musulmans. Plus de 800 personnes ont trouvé la mort en quatre jours en Egypte depuis la dispersion violente, mercredi, par les forces de l'ordre des campements des partisans du président déchu Mohamed Morsi.

Dans un communiqué diffusé dimanche, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ont appelé de leurs voeux un "réexamen urgent" des relations de l'UE avec Le Caire pour tenter de mettre fin à la violence.

DIFFICILE EQUILIBRE

Ces derniers jours, plusieurs chefs de la diplomatie européens ont brandi la menace d'une suspension de l'aide économique. Laurent Fabius a déclaré que rien ne pouvait être exclu en termes de politique d'aide.

Dans une interview au journal Kurier dimanche, son homologue autrichien Michael Spindelegger réclame que l'ensemble des cinq milliards d'euros promis soient gelés jusqu'au retour d'un processus démocratique.

Bruxelles pourrait aussi menacer de suspendre un accord d'association remontant à 2001, qui comprend des protocoles de libre-échange sur certains biens industriels, des accords préférentiels sur les transactions agricoles, ainsi que des clauses de coopération politique et des échanges culturels.

Les Etats-Unis et l'Union européenne ont tenté de concert de faciliter une solution politique et pacifique pour mettre fin au bras de fer entre l'armée égyptienne et les Frères musulmans mais l'assaut lancé mercredi par les forces de sécurité a rendu leurs efforts caducs.

Comme Washington, l'UE doit trouver l'équilibre entre le soutien aux principes démocratiques - Morsi est le premier président élu de l'histoire d'Egypte - et son intérêt dans le maintien de la stabilité du pays.

Suspendre totalement l'aide serait préjudiciable à la société civile, qui est la première pour l'heure à bénéficier de l'argent européen. Une telle décision pourrait également retirer à l'UE un moyen de pression pour se poser en médiateur entre les deux camps.

Les intérêts commerciaux pourraient également peser. "Certains diront: pourquoi pousser l'économie égyptienne dans les bras des Chinois?" explique Daniel Levy, directeur du Moyen-Orient au Conseil européen des relations étrangères, un groupe de recherches.

D'un autre côté, ajoute-t-il, rompre les liens économiques pourrait inciter les milieux d'affaires égyptiens à faire pression sur l'armée pour entamer un dialogue avec les Frères musulmans. (Jean-Stéphane Brosse pour le service français)