New Delhi (awp/afp) - L'Inde a annoncé mardi une prévision de croissance ralentie pour l'année fiscale en cours, qui pourrait être encore abaissée une fois intégrées les conséquences sur l'économie locale de la démonétisation controversée de certains billets à l'automne 2016.

Selon des statistiques officielles, "le taux de croissance du PIB à prix constants pour l'année 2016-17 est placé à 7,1% contre 7,6% en 2015-16", indique un communiqué du ministère des Finances à l'occasion de la publication de son Economic Survey annuel, qui précède la présentation du budget au Parlement.

Mais "cette estimation est basée principalement sur les informations des sept-huit premiers mois" de l'année fiscale, précise le texte. Il ne prend donc pas en compte le ralentissement de la consommation provoqué par la démonétisation de 24 milliards de billets annoncée début novembre.

Si la démonétisation aura un "impact négatif" sur la croissance indienne, concède un communiqué séparé, ses effets n'en seront que "transitoires", assure-t-il ensuite.

Dans ce contexte, le gouvernement indien a donc indiqué tabler sur une croissance de 6,75 à 7,5% pour l'exercice 2017-2018, qui débutera au 1er avril.

"Une fois que le stock d'argent liquide aura été rétabli, ce qui devrait intervenir d'ici fin mars 2017, l'économie reviendra à la normale", assure le texte.

Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi avait décrété il y a trois mois que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,5 et 13 euros), coupures les plus élevées et qui représentaient 86% de la valeur de l'argent liquide en circulation, n'avaient plus de valeur légale.

Cette mesure radicale, dont la mise en oeuvre et la pertinence sont critiquées par de nombreux économistes, se voulait destinée à lutter contre l'évasion fiscale et à faire rentrer dans le secteur bancaire une partie de l'énorme secteur informel de l'économie indienne.

Mais elle a aussi eu pour effet immédiat de déclencher une ruée sur les banques, qui se sont trouvées à sec, et d'entraîner un ralentissement de la consommation dû à la pénurie d'argent liquide.

BUDGET

La démonétisation "a eu des conséquences à court terme qui sont authentiques et significatives. Je pense qu'il y a eu des difficultés et une gêne notamment pour les personnes du secteur informel mais il y a aussi un potentiel de bénéfices sur le long terme", a commenté en conférence de presse Arvind Subramanian, haut conseiller économique du gouvernement.

Dans ses dernières prévisions, le Fonds monétaire international (FMI) a diminué d'un point sa prévision de croissance pour l'Inde sur 2016-17 afin d'intégrer les événements économiques de l'automne. Elle n'est désormais plus que de 6,6%, contre 7,6% initialement.

Cette présentation des objectifs économiques intervient, comme le veut la tradition, à la veille de la présentation au Parlement du budget pour l'année fiscale à venir. Il a été avancé à partir de cette année d'un mois par rapport à l'agenda habituel, pour permettre une mise en oeuvre dès le début de l'exercice fiscal au 1er avril.

"J'ai plein espoir dans les partis politiques pour que cette session produise un débat fructueux et soit utilisée pour maximiser le bien du peuple", a commenté le Premier ministre Narendra Modi devant des journalistes à l'extérieur du Parlement.

La session d'hiver du Parlement bicaméral indien, qui s'était tenue sur un mois en novembre-décembre, avait été paralysée par un tumulte houleux et inaudible sur la démonétisation, majorité et opposition se rejetant mutuellement la faute.

Résultat: seul un nombre ridiculement bas de textes y avait été approuvé par les législateurs.

afp/jh