(Répétition technique)

* 16,5 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007

* La destination des fonds reste un mystère

* Procès à partir de lundi en correctionnelle à Paris

PARIS, 6 octobre (Reuters) - Le procès de l'affaire des caisses noires de l'UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), l'une des plus puissantes fédérations du Medef, le patronat français, s'ouvre lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.

Son ancien chef, Denis Gautier-Sauvagnac, et dix autres prévenus comparaissent pour abus de confiance et travail dissimulé. L'enquête porte sur la destination de 16,5 millions d'euros retirés en liquide entre 2000 et 2007 des caisses de l'organisation.

Cinq ans d'investigations sur l'utilisation de ces fonds n'ont pas permis de savoir à qui la plus grande partie de cet argent était destinée. Tout l'enjeu du procès, prévu jusqu'au 22 octobre, sera de délier les langues.

Dans son ordonnance de renvoi, le juge d'instruction note que Denis Gautier-Sauvagnac en a utilisé une partie pour des compléments de rémunérations constituant un travail dissimulé et des versements dont il a refusé d'indiquer "l'affectation".

Parmi les autres prévenus, figurent l'ancien bras droit de Denis Gautier-Sauvagnac, Dominique de Calan, poursuivi pour complicité d'abus de bien sociaux et complicité de travail dissimulé, ainsi que l'UIMM poursuivie pour travail dissimulé en tant que personne morale.

Denis Gautier-Savagnac a indiqué au juge Roger Le Loire que l'utilisation de ces espèces pouvait être séparée en "trois paquets" : un pour des "compléments de rémunération", un deuxième pour des "dépenses de caisse", comme le remboursement de frais de mission, et un troisième pour une aide financière non spécifiée.

"Dans la tradition de l'UIMM et comme on le faisait depuis des décennies, l'UIMM a apporté un concours financier à des organismes qui participent à notre vie sociale", a-t-il ajouté sans toutefois livrer le moindre nom.

Pour justifier son silence, l'ancien "patron" de l'UIMM a dit vouloir éviter "un grand déballage qui ne serait pas utile à notre pays".

CHAPE DE PLOMB

Les enquêteurs ont cherché à savoir si ces fonds avaient pu servir à financer des confédérations syndicales et des organisations étudiantes mais se sont heurtés à une chape de plomb.

Dominique de Calan a concédé pour sa part avoir remis à des organismes en lien avec la vie universitaire la somme de 30.000 euros en espèces, sans en dire plus.

Délégué général de l'UIMM entre 1993 et 2006, sous la présidence d'Arnaud Leenhardt, puis de Daniel Dewavrin, Denis Gautier-Sauvagnac en était devenu numéro 1 jusqu'à ce que l'affaire éclate en septembre 2007.

Il avait démissionné en octobre de la même année, peu avant sa mise en examen, moyennant une indemnité de 1,5 million d'euros.

La presse avait alors évoqué un "trésor de guerre" de l'organisation alimenté par une caisse de solidarité antigrève ("Epim") constituée à la suite des événements de mai 1968.

Denis Gautier-Sauvagnac avait alors confirmé à des journalistes l'existence, depuis 1972, d'une "caisse de secours mutuel" approvisionnée par des cotisations des entreprises adhérentes de l'organisation.

L'objectif était alors, selon lui, de venir en aide à des entreprises à l'issue d'un conflit social.

Le 20 décembre 2007, Frédéric de Saint-Geours a été élu président de l'UIMM en remplacement de Denis Gautier-Sauvagnac. (Gérard Bon, édité par Danielle Rouquié)