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LONDRES, 30 avril (Reuters) - Le procureur général d'Ukraine a accusé mercredi le président déchu Viktor Ianoukovitch d'avoir mis en place un système de type mafieux qui a coûté à l'Etat jusqu'à 100 milliards de dollars, dont une partie sert selon lui à financer les séparatistes pro-russes de l'est du pays.

Oleh Makhnitski a ajouté pendant une visite à Londres que l'ancien chef de l'Etat, réfugié en Russie depuis fin février, avait personnellement dirigé dès son élection en 2010 un vaste réseau criminel dont les tentacules s'étendaient à tous les niveaux de l'Etat et de la société.

"L'ex-président Viktor Ianoukovitch était à la tête d'une structure mafieuse en Ukraine qui avait des ramifications dans toutes les structures de l'Etat", a dit le procureur général par intérim à l'issue d'entretiens avec des responsables britanniques et américains.

Londres et Washington ont promis d'aider Kiev à "récupérer les milliards de dollars détournés par Ianoukovitch et son entourage", a indiqué la secrétaire britannique au Home Office (Intérieur), Theresa May.

Oleh Makhnitski a dit ne pas être en mesure de chiffrer avec précision l'ampleur des détournements de fonds mais avoir déjà la preuve du vol de 350 millions de dollars par le président déchu et ses proches, y compris ses deux fils, Oleksander et Viktor.

"La perte pour l'Ukraine pourrait s'élever à 100 milliards de dollars", soit plus de la moitié du PIB ukrainien, a-t-il affirmé.

Une partie importante de cet argent a été transférée en Europe occidentale tandis qu'une grosse somme en liquide - 32 millions de dollars - a été envoyée par camion en Russie, où elle sert "à financer les séparatistes de l'est de l'Ukraine", a ajouté le procureur général.

Membre du parti nationaliste Svoboda, Oleh Makhnitski a été nommé par le Parlement après la chute de Ianoukovitch. Son prédécesseur, Viktor Pchonka, est en fuite et sous le coup d'un mandat d'arrêt international.

Qualifiant l'Ukraine à l'époque de Ianoukovitch de "paradis des oligarques" qui avaient toute latitude "de piller le pays et de s'enrichir", il a assuré que le président déchu serait arrêté s'il rentre dans son pays, où il est passible de la prison à vie pour avoir ordonné à la police de tirer sur les manifestants. (Guy Faulconbridge, Anna Dabrowska et Stephen Grey; Tangi Salaün pour le service français)