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(Easybourse.com) Avec un chiffre d'affaires en baisse par rapport à l'an dernier, à 67,6 millions d'euros contre 68,1 millions précédemment, et un résultat opérationnel nettement dégradé lui aussi par rapport à 2006/2007, quel commentaire vous inspirent ces résultats ?
L'année 2008-2009 a été assez contrastée, avec  un premier semestre en croissance de 15% en termes de chiffre d'affaires, et puis mi-septembre, tout s'est arrêté. On a alors fait une décroissance de 3 à 4 points sur le troisième trimestre de notre année fiscale, et nous avons fait une décroissance dans le domaine des licences sur le quatrième trimestre, parce que pour Generix, de même que pour l'ensemble du marché de l'édition de logiciels, le premier trimestre de l'année civile 2009 a marqué un très fort coup d'arrêt dans l'activité.

En résumé, nous sommes flat d'année sur année, nous étions partis sur des croissances dont nous avions l'habitude depuis quelque temps, de manière organique.

Cela étant, même si nous annonçons comptablement des chiffres négatifs en termes de résultats, vous pourrez remarquer que notre activité a toujours été en cash flow positif...

Comment avez-vous réagi face à la crise ?
A la mi-septembre, et au regard de ce qui se passait, nous avons décidé, hormis la gestion quotidienne consistant à resserrer les coûts et manager correctement le cash, d'envoyer les forces vives de l'entreprise face aux clients pour comprendre ce qui se passait : savoir quel était le retour des clients lié à la crise, avec l'attentisme, la problématique autour d'un retour rapide de la rentabilité et de la performance chez eux…

Nous avons ensuite dégagé plusieurs axes concernant en particulier tous les produits de la supply chain sur lesquels nous avons porté tout notre investissement : nous avons donc arrêté certains projets de R&D, et nous avons fortement accéléré nos investissements sur la mise à disposition d'une plateforme Saas pour pouvoir offrir au marché des solutions à la demande, sur des modèles permettant d'aller rechercher rapidement de la performance sur des sujets comme l'entreposage, la gestion des flux ou  l'approvisionnement…

Les résultats sont déjà positifs, puisqu'à la fin décembre de l'année dernière par exemple, le groupe Carrefour avait lancé un appel d'offres sur la base d'un nouveau modèle logistique qu'il souhaitait mettre en place, et que nous avons gagné grâce à cette technologie et l'offre «self». Ensuite, ça s'est décliné très vite, avec d'autres groupes tels que Kuehne et Nagel, Lavazza etc.

A travers l'innovation, nous avons donc repositionné notre entreprise en termes d'activités nouvelles sur le Saas, qui avait déjà fait une belle croissance puisque nous sommes passés en deux ans de 2 millions d'euros de chiffre d'affaires à près de 7 millions d'euros, avec une croissance, qui s'est surtout accélérée sur le premier trimestre 2009, de 64%.

Et en termes d'amortissements…
Sur cet exercice et dans la présentation de nos chiffres de résultats, nous avons passé des amortissements d'une partie des goodwill d'acquisition sur trois thèmes : celui des marques, nous avons en effet une obligation règlementaire concernant l'amortissement de nos marques ; celui de nos produits ; et celui de notre base clientèle dans le cadre des normes IFRS ce qui a tout de même impacté nos résultats de 1,4 million d'euros…

Enfin, nous avons constaté au dernier trimestre civil de l'an dernier et sur le premier trimestre 2009, une tension sur les paiements de nos clients. Nous avons considéré que cette tension était telle que, par précaution, nous devions appliquer une augmentation de nos provisions pour risques liés aux paiements à hauteur de 1 million d'euros.

Quelle a été le rythme de croissance de la demande sur l'exercice 2008/2009 ? Qu'en est-il des ventes de logiciels ?
En termes de chiffre d'affaires, nous avons enregistré une décroissance de 20% liée à la décélération brutale que nous avons connue sur les ventes de licences sur le dernier semestre de l'année fiscale.

En revanche, l'activité consommation Saas a fait une croissance de près de 40% en cumulé depuis le début de l'année, et 64% sur le dernier trimestre. Le nombre de clients nous faisant confiance est toutefois supérieur, puisque ce sont des engagements sur trois ans, avec des abonnements dont ils payent aussi la consommation liée.

Vous venez d'indiquer vous être beaucoup investis dans la création d'une plate forme collaborative de 'supply chain'. Sur quel modèle économique cette solution est-elle fondée ?
Il faut tout d'abord souligner que nous avons engagé toute une démarche depuis deux ans dans la réécriture et la structuration de nouveaux modules, pour pouvoir apporter des «modules réentrants» très forts c'est-à-dire pouvoir mutualiser complètement un applicatif pour de nouveaux clients.

La crise a sans doute été un élément accélérateur de la compréhension et du choix que font les clients aujourd'hui de ce modèle-là.

Quelle est la structure de votre base de clients ?
Nous avons à ce jour près de 6000 clients, dont 1500 qui sont de grands comptes (Unilever, Nestlé, Danone, Carrefour, Auchan etc.). Nous avons aussi de petits fournisseurs, parfois de la distribution, mais aussi tous les prestataires logistiques, beaucoup de prestataires de transports (Géodis etc.), qui sont aussi de grands clients…

Enfin, nous avons des clients de plus petite taille, puisque nos applicatifs sont accessibles de plus en plus dans des modes soit d'acquisition de licences, soit des modes d'usage et de consommation de licences sous forme Saas.

Je pense que nos clients, et les industries plus généralement, vont accélérer la nécessité de variabiliser leurs coûts par rapport à leur niveau d'activité, et que le système d'information reste aujourd'hui, en grande majorité, un coût fixe avec une capacité de variabilisation très faible. Nous devons donc, en tant qu'éditeur de logiciels, créer un nouveau modèle pour pouvoir apporter une valeur fonctionnelle forte pour pouvoir donner de la performance à nos clients tout en ayant une vision de la varibilisation de ce coût par rapport à leur activité.

Il y a clairement des parts de marché à prendre ici et c'est tout le challenge que nous devons relever aujourd'hui.

Quels sont vos perspectives pour les mois à venir ? La tendance s'améliore-t-elle ?
Le trimestre qui vient de se terminer est plutôt un trimestre en croissance, d'année sur année. Nous avons senti une reprise de l'activité dans le courant du mois de mai, malgré les nombreux ponts.

Cela étant, il est clair que les investissements se portent particulièrement quand ils sont sous forme d'investissements ou sous forme d'usages, sur des projets à retour sur investissement rapide (inférieur à 12 mois), donc de la recherche de gains de performance sur les activités opérationnelles de ces clients.

Par ailleurs, le lancement de notre modèle Saas de manière beaucoup plus lourde que ce que nous avions fait jusque-là, nous amène aujourd'hui à capter des marchés que nous n'aurions pas obtenus puisqu'ils n'étaient pas encore présents.

Néanmoins, la situation économique et financière mondiale actuelle est telle que nous pouvons encore avoir potentiellement de nouveaux sursauts qui pourraient rétracter les investissements, nous restons donc très prudents. Notre visibilité n'est pas mauvaise mais il y a encore une forte fragilité de marché, celui-ci pouvant avoir des capacités de retournement très fortes. 

Quels sont vos principaux concurrents ? Comment vous en démarquez-vous ?
Etant donné que le marché se raffermit un peu, qu'il y a encore peu d'opportunités générées, avec un niveau d'offre supérieur à la demande, la concurrence est bien évidemment beaucoup plus forte, néanmoins notre concurrence est un peu différente du fait des typologies d'activité différentes que nous avons.

Nos grands concurrents sur le monde ERP sont des gens comme SAP, Oracle, Microsoft. Or pour notre part, nous sommes positionnés sur un seul écosystème industriel, à qui nous apportons beaucoup de métier et beaucoup de valeur, si bien que c'est avec ces éléments là et avec l'avance technologique que nous proposons, que nous parvenons à tirer à armes égales avec ces grands groupes.

Ensuite, nos grands concurrents dans le monde des flux sont par exemple Manhattan Associates et des acteurs locaux…

Propos recueillis par N.S.

- 07 Juillet 2009 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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