WASHINGTON, 5 juin (Reuters) - De hauts responsables du Parti républicain ont pris dimanche leurs distances avec les propos de Donald Trump visant un juge d'origine mexicaine, en s'inquiétant de leurs retombées auprès de l'électorat latino, de plus en plus important aux Etats-Unis.

Le plus que probable candidat des républicains pour le scrutin présidentiel du 8 novembre accuse le juge de district Gonzalo Curiel, fils d'immigrants mexicains qui préside le procès lié à des allégations de fraude à l'encontre de la Trump University, d'être partial en raison de son "héritage".

L'homme d'affaires a proposé de construire un mur à la frontière du Mexique pour barrer la route aux immigrants mexicains qu'il a également qualifiés de "délinquants et violeurs" dans un discours prononcé il y a un an lors du lancement de sa campagne.

Interrogé à propos de cette polémique dans l'émission "Meet the Press" sur NBC, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a souligné qu'il ne pouvait "que désapprouver" les déclarations de Donald Trump.

"Je suis inquiet pour le vote hispanique, l'Amérique est en train de changer", a poursuivi Mitch McConnell. "Je crois que c'est une grande erreur pour notre parti de faire une croix sur les Latino-Américains. Cela me préoccupe et j'espère qu'il (Trump) changera de cap là-dessus."

Le responsable républicain a rappelé que les Etats-Unis étaient un pays d'immigrants et que sa propre épouse, l'ancienne secrétaire au Travail Elaine Chao, ne parlait pas anglais à son arrivée dans le pays à l'âge de huit ans.

L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, cité comme possible colistier de Donald Trump, a qualifié les propos du milliardaire d'"inexcusables".

"C'est l'une des pires erreurs commises par Trump", a-t-il dit sur Fox News.

Le sénateur Bob Corker, qui préside la commission sénatoriale des Affaires étrangères, a dit "ne pas excuser les commentaires" de Donald Trump, dans une interview à ABC.

Samedi déjà, le président de la Chambre des représentants Paul Ryan, qui s'est rallié sur le tard au magnat de l'immobilier, avait regretté les déclarations de Trump.

Seul l'ancien ministre de la Justice Alberto Gonzales, qui est d'origine mexicaine, a estimé dans une tribune parue dans le Washington Post que Donald Trump était en droit de questionner l'impartialité du juge Curiel.

Mais il a ajouté dimanche dans une interview sur Fox News: "J'aurais certainement adopté une autre approche. A chaque fois que vous dites quelque chose à propos de la nationalité d'un juge, je pense que cela abaisse sa charge et nuit à la justice dans son ensemble." (Ginger Gibson, Sarah N. Lynch; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)