(Actualisé avec déclarations, contexte)

par Toni Clarke et Dustin Volz

WASHINGTON, 8 janvier (Reuters) - Donald Trump accepte les conclusions des agences américaines de renseignement selon lesquelles la Russie a mené des cyberattaques dans le but de perturber les élections américaines du 8 novembre dernier, a déclaré dimanche le futur secrétaire général de la Maison blanche Reince Priebus.

S'exprimant sur l'antenne de Fox News, Reince Priebus a déclaré que le président élu "accepte le fait que dans ce cas particulier, il s'agissait d'entités en Russie" sans toutefois préciser si Trump admettait que ces piratages étaient commandités par Vladimir Poutine.

Il a ajouté que des "actions pourraient être prises" en réponse à ces intrusions dans des systèmes informatiques du Parti démocrate.

Ces déclarations de Reince Priebus marquent un changement radical dans la position de Donald Trump qui s'était jusqu'à présent contenté, soit de les balayer d'un revers de main, soit de remettre en cause les investigations des agences de renseignement.

Le candidat républicain avait dans un premier temps exclu l'hypothèse que la Russie puisse être derrière ces piratages et avait démenti que cela ait pu lui être bénéfique dans la campagne présidentielle.

Donald Trump estimait que ces intrusions informatiques pouvaient avoir été commises par un pirate amateur et obèse depuis son lit ou reprenant l'expression de Julian Assange, le fondateur du site WikiLeaks, par un adolescent de 14 ans.

C'est la première fois qu'un membre de l'équipe du président élu indique que ce dernier reconnaît que la Russie a dirigé ces actions de piratage contre le Parti démocrate et contre sa candidate Hillary Clinton.

A moins de deux semaines de sa prise de fonction, Donald Trump fait l'objet de pressions croissantes de la part des républicains pour qu'il traite avec plus d'attention le travail du renseignement américain.

Les premières auditions parlementaires en vue de confirmer les membres de son administration sont prévues cette semaine et vont constituer un test grandeur nature pour la qualité des relations entre la Maison blanche et le nouveau Congrès.

FAIRE PAYER LA RUSSIE

Les différents rapports des services de renseignement précisent que les opérations de piratage n'ont pas modifié le comptage des voix mais rien n'est dit sur l'influence qu'elles ont pu avoir quant à l'issue du scrutin du 8 novembre.

Donald Trump, qui s'est entretenu vendredi avec les responsables des services de renseignement, a plusieurs fois contesté les accusations des agences contre la Russie.

Samedi, sur son compte Twitter, Donald Trump a estimé qu'avoir une bonne relation avec la Russie serait une "bonne chose" pour les Etats-Unis.

"Seuls les gens 'stupides' ou idiots penseraient que c'est mauvais", a-t-il tweeté. "Nous avons suffisamment de problèmes dans le monde sans nous en créer un nouveau. Quand je serai président, la Russie nous respectera bien plus qu'elle ne le fait maintenant."

Sur Fox News, le président de la commission de la Chambre des représentants pour les affaires de renseignement, le républicain Devin Nunes, a dit douter que la Russie puisse devenir un jour une alliée des Etats-Unis.

S'exprimant conjointement dans l'émission "Meet the Press" sur NBC, les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham, défenseurs d'une ligne dure contre Moscou, ont appelé dimanche le président élu à sanctionner la Russie pour avoir cherché à influencer le résultat de l'élection du 8 novembre.

"Vous devriez faire savoir à tout le monde en Amérique, républicains comme démocrates, que vous allez faire payer à la Russie cette tentative d'ingérence", ont déclaré les deux hommes en s'adressant au président élu.

"Dans deux semaines, Donald Trump sera le défenseur du monde libre et de la démocratie", a commenté pour sa part Lindsey Graham. "Vous devez faire comprendre à tout le monde en Amérique, républicains et démocrates, que vous allez faire payer à la Russie le prix de la tentative d'ingérence".

(Toni Clarke, Dustin Volz, Ginger Gibson,; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)