Pour 2013, Ford anticipe désormais une perte de deux milliards de dollars en Europe alors qu'il avait jusqu'ici dit prévoir pour 2013 une perte équivalente à celle de 2012, qui est finalement ressortie à 1,75 milliard de dollars.

En Amérique du Nord en revanche, Ford s'attend à accroître ses bénéfices en 2013. La région a été la principale source de profit du constructeur l'an dernier et a permis à ses résultats de dépasser sensiblement le consensus au quatrième trimestre.

"Dans la zone euro, il est probable qu'on soit en récession pendant toute l'année", a déclaré le directeur financier Bob Shanks aux journalistes. "Mais nous pensons que les choses iront en s'améliorant à partir de là".

Au quatrième trimestre 2012, Ford a réalisé un bénéfice opérationnel par action de 31 cents, alors que l'estimation moyenne des analystes était de 25 cents selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Le groupe a précisé que son chiffre d'affaires s'était établi à 36,5 milliards de dollars.

LES CAPACITÉS RÉDUITES D'UN CINQUIÈME

En Amérique du Nord, le bénéfice a atteint 1,9 milliard de dollars, en hausse de près d'un milliard par rapport au quatrième trimestre 2011, et la marge opérationnelle s'est montée à 8,4%.

En Europe, où le marché automobile connaît sa pire crise depuis des décennies, Ford a creusé sa perte à 732 millions de dollars au quatrième trimestre, contre 190 millions un an plus tôt, soit une perte de 1,75 milliard sur l'ensemble de 2012.

L'amélioration des performances en Amérique du Nord vient couronner les efforts d'Alan Mulally, engagé comme directeur général en 2006 avec pour mission de redresser l'entreprise. Sous sa houlette, Ford a pu conserver son indépendance contrairement à ses concurrents General Motors et Chrysler Group qui n'ont évité la faillite que grâce à l'aide du gouvernement fédéral en 2009.

Peter Nesvold, analyste chez Jefferies, estime que Ford a réduit ses capacités en Amérique du Nord d'un peu plus d'un cinquième entre 2006 et 2009. Sa politique de hausse des prix a aussi contribué à la hausse des résultats, ajoute-t-il.

Le redressement des opérations nord-américaines devrait servir de modèle pour l'Europe. Ford prévoit d'y fermer trois usines et de réduire ses capacités de 18% au total pour économiser jusqu'à 500 millions de dollars par an.

Mais la situation reste imprévisible, reconnaît le groupe qui n'exclut pas de nouvelles mesures si nécessaire.

La révision de la perte attendue en 2013 sur le Vieux-Continent s'explique aussi par la baisse des taux d'intérêt, qui augmente les coûts liés aux retraites, et par la vigueur de l'euro.

La prévision d'une perte de deux milliards de dollars en 2013 inclut des coûts de restructuration pour "environ un demi-milliard", a précisé Bob Shanks.

Ford s'attend à accroître ses parts de marché tant aux Etats-Unis qu'en Chine cette année, et s'attend par ailleurs à des résultats à l'équilibre en Asie et en Amérique du Sud.

L'action Ford recule de 3,77% à 13,26 dollars en début de séance à Wall Street en réaction aux résultats.

Benoit Van Overstraeten et Véronique Tison pour le service français, édité par Nicolas Delame

par Deepa Seetharaman et Paul Lienert