"Muddy Waters est à découvert sur Eurofins Scientific parce que la confusion et les contradictions inhérentes à ses finances et à ses opérations nous amènent à penser qu'elle est optimisée pour les malversations, plutôt que pour les affaires conventionnelles", écrit le groupe dirigé par Carson Block, qui ajoute "au mieux, Eurofins a un actionnaire de contrôle parasite qui siphonne l'argent de la société depuis deux décennies".

Complexité et liens avec le fondateur

Muddy Waters pense que les états financiers d'Eurofins pourraient contenir des surévaluations significatives des bénéfices, des soldes de trésorerie et d'autres valeurs d'actifs. Dans l'habituel rapport qui accompagne les attaques des shorts sellers, le fonds critique notamment la pratique du groupe de maintenir une certaine opacité sur les performances des petites acquisitions, dont le groupe détaille peu les performances tant qu'elles n'atteignent pas un certain niveau de taille. C'est ce que nous avions expliqué en février dernier dans ce papier sur les "IDS". Ces choix sont sources de complexité, à tel point, selon Muddy Waters, que l'auditeur du groupe a dû reclasser 682 millions d'euros de créances et de dettes dans les comptes de 2022.

Parmi les griefs, figurent la confusion des opérations immobilières entre le président-fondateur et le groupe, l'indépendance du management et ces administrateurs et les ratios "trop beaux pour être vrais".

Pas la première fois

Le groupe a déjà subi des attaques. En 2019, le fonds Shadowfall (vu depuis sur VusionGroup) avait déjà lancé une offensive baissière, que le groupe avait fini par parvenir à enterrer. Depuis, les positions à la vente contre le dossier font régulièrement partie des plus élevées en Europe.

Les plus anciens se souviendront aussi de quelques couacs qui avaient alimenté la machine à spéculer. En 2015, le groupe, en plein boom, avait lancé une augmentation de capital tout à fait inattendue alors que le marché pensait qu'il avait les fonds nécessaires pour son expansion. L'annulation de l'opération quelques jours plus tard avait suscité encore plus d'interrogations.

Pour l'analyste Nupur Gupta, qui suit le dossier chez AlphaValue, certaines allégations comme le revenu élevé par employé sont explicables par la nature plus évoluée de l'activité par rapport à Bureau Veritas ou SGS. En revanche, "les autres allégations, telles que la forte influence de la famille fondatrice, laissent un point d'interrogation sur la gouvernance".