« La liquidité mondiale est abondante, grâce à l'assouplissement des politiques monétaires des grandes banques centrales, et aux hausses des taux sommes toutes encore assez réduites de la Fed », explique Ludovic Subran, Chef économiste d'Euler Hermes. « Néanmoins, les politiques monétaires ne sont pas synchrones. La liquidité peut donc rapidement se déplacer entre les régions, générant ainsi de la volatilité et des turbulences. »


Les régions du Monde sont des « plaques tectoniques » en mouvement

L'économie américaine devrait bénéficier d'une consommation résiliente, soutenue par la confiance des ménages et le rebond de l'investissement privé, une fois l'incertitude liée à l'élection présidentielle passée. De plus, les deux candidats à la présidentielle ont prévu des mesures budgétaires destinées à soutenir la croissance économique, qui devrait donc s'accélérer de +1,7% en 2016 à +2,2% en 2017. Par ailleurs, la hausse attendue des taux d'intérêts par la Fed devrait avoir un impact assez limité sur les devises émergentes, dans la mesure où ces dernières restent soutenues par un rebond modéré du cours des matières premières.

Les bonnes surprises récentes sur la croissance chinoise ne doivent pas faire oublier que celle-ci devra changer de nature. La transition vers un autre modèle est toujours en cours, et devrait se traduire par une croissance attendue à +6,5% en 2016 et +6,4% en 2017. Mais cette transition supposera moins d'importations de la Chine. Cela devrait générer des pressions négatives sur les prix et de nouvelles tensions financières lorsque la croissance chinoise ralentira à nouveau.

En Zone Euro, la croissance devrait rester stable à +1,6% en 2016 et 2017, soutenue par un meilleur policy-mix. Le programme d'achats de dettes publiques et privées de la BCE est la meilleure des ceintures de sécurité pour l'Europe, et l'objectif initial du plan Juncker a été doublé à 630 Mds €. Des incertitudes politiques pourraient cependant continuer de perturber la région, comme le Brexit, ou les échéances électorales à venir en Italie, en France ou en Allemagne.

Les pays émergents resteront hétérogènes. Leur croissance économique, attendue à +3,8% en 2016 et à +4,4% en 2017, continuera de contribuer à plus de la moitié de la croissance mondiale, apportant +1,5 (sur +2.4%) et +1,7 points (sur +2.8%) à la croissance mondiale en 2016 et en 2017. Alors que le Brésil et la Russie devraient sortir de la récession, le credit crunch devrait continuer de sévir les exportateurs de matières premières qui n'ont pas su négocier le virage de la baisse des cours (Nigéria, Venezuela), tandis que des problématiques internes continueront de peser sporadiquement sur des pays tels que l'Afrique du Sud ou la Turquie.

Lentement mais sûrement, les « plaques tectoniques » se déplacent

Malgré la reprise, la croissance mondiale restera trop faible pour empêcher la hausse des défaillances d'entreprises. Les défaillances sont ainsi en train d'augmenter dans la plupart des pays émergents et aux Etats-Unis cette année, même si elles continuent de se replier en Europe de l'Ouest. A l'échelle mondiale, les défaillances devraient augmenter pour la première fois depuis 2009, de +1% cette année et de +2% en 2017. Les défaillances de grosses entreprises sont aussi en hausse. Ces cas sont par nature plus rares, mais il y en a eu 16 au 1er semestre 2016 contre 10 au 1er semestre 2015. Les délais de paiement ne s'améliorent pas non plus : 1 entreprise sur 4 dans le monde est payée après 3 mois.

Par ailleurs, l'essentiel du rebond des prix des matières premières semble avoir été réalisé, avec un cours du pétrole déjà proche de la prévision moyenne d'Euler Hermes pour 2017 (52$ par baril). Surtout, à ce niveau, les prix des matières premières seront beaucoup plus neutres pour la croissance mondiale, qu'ils ne l'ont été jusque-là. La situation économique des grands pays émergents exportateurs de matières premières devrait donc progressivement se stabiliser, avec une sortie de récession anticipée pour 2017 au Brésil et en Russie.

Sur 2016-2017, la croissance du commerce mondial restera loin de sa moyenne d'avant-crise (+7%). Les raisons principales sont l'ajustement structurel de la demande (rééquilibrage de la Chine, autonomie énergétique aux USA), les chocs sporadiques qui s'y sont ajoutés (récessions russe et brésilienne) et les réactions de politique économique (politique monétaire américaine plus stricte, dépréciations de devises émergentes, protectionnisme). « Plus de 350 mesures protectionnistes ont été enregistrées dans le monde au 1er semestre 2016, aussi bien dans le commerce de services que dans le commerce de biens », ajoute Daniela Ordóñez, économiste pays chez Euler Hermes. « De plus, le calendrier électoral, et l'émergence de plusieurs zones de tensions politiques et sociales, continueront à générer des turbulences jusque fin 2017. »

L'excès d'épargne reste un défi à relever, et un frein à l'investissement. 7 000 milliards de dollars restent bloqués dans la trésorerie des entreprises, dont 2 000 milliards aux Etats-Unis, et le nombre de fusions-acquisitions croît. Avec un coût du crédit au plus bas, des valorisations attractives dans certains secteurs et une croissance organique limitée par une croissance économique modérée, la croissance externe a le vent en poupe.

« La liquidité abondante constitue un magma qui 'soutient' effectivement les plaques tectoniques. Mais par moment, ce magma atteint la surface et peut provoquer une éruption, comme une chute du cours du pétrole, ou des bulles. Les régions principales sont comme des plaques tectoniques : elles bougent lentement, mais entrent parfois en collision », conclut Ludovic Subran.

Euler Hermes a mis à jour ses notes de risques pays au T3 2016
Notes revues à la hausse
: Chypre, Portugal
Notes revues à la baisse: Mexique, Mongolie, Papouasie Nouvelle Guinée, Trinité & Tobago

La Sté Euler Hermes Group SA a publié ce contenu, le 13 October 2016, et est seule responsable des informations qui y sont renfermées.
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