PARIS, 7 novembre (Reuters) - Une fuite radioactive survenue mercredi dernier au sein du circuit primaire du réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne) risque de retarder son redémarrage prévu le 8 janvier, a-t-on appris auprès d'une source industrielle ayant une connaissance directe de l'incident.

La fuite n'a pas de conséquences en matière de sûreté mais les travaux sur ce réacteur de 1.500 mégawatts (MW), arrêté depuis août 2021 dans le cadre d'une visite de contrôle décennale, sont d'ores et déjà retardés d'une semaine, a précisé la source, évoquant "un gros retard potentiel".

EDF n'a a priori jamais enregistré d'incident similaire et certaines décisions relatives à l'unité n°1 de Civaux sont désormais prises au niveau national et non plus local, a-t-elle également indiqué.

Civaux 1 fait partie des réacteurs que le groupe espère redémarrer suffisamment tôt pour être en mesure de produire assez d'électricité cet hiver. Bien qu'il compte parmi les unités affectées par des problèmes de corrosion, l'incident survenu mercredi n'est pas lié à ce phénomène ni aux travaux qui en ont résulté, a précisé la source.

EDF n'a pas souhaité faire de commentaires sur le risque d'un retard dans le redémarrage du réacteur. Concernant les prises de décisions relatives à sa conduite, un porte-parole a indiqué que le groupe avait mis en place "un appui au niveau national", avec des experts, mais que les équipes locales restaient responsables de son pilotage.

Personne n'était disponible à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour commenter ces informations.

Selon une note publiée par EDF sur son site internet le 3 novembre, la fuite est survenue lors d'une épreuve hydraulique, une opération réalisée en l'absence de combustible qui vise à s'assurer de l'étanchéité et de la résistance des tuyauteries, soudures et robinets du circuit primaire du réacteur avant son redémarrage.

"Alors que la pression atteignait 190 bars et la température 95°C, un dégagement de vapeur est survenu dans un local du bâtiment réacteur (et) la dépressurisation du circuit primaire a été constaté simultanément", a précisé le groupe.

Toujours selon EDF, aucun intervenant ne se trouvait à proximité de la fuite lorsqu'elle est survenue, l'incident n'a pas provoqué de blessures ou de contamination de personnes et aucune "activité radiologique" n'a été mesurée à l'extérieur des installations.

"Les équipes ont procédé à l'arrêt préventif des matériels permettant d'accompagner la baisse de pression et ont lancé le refroidissement du circuit primaire principal. Une inétanchéité sur le circuit est confirmée. L'eau est collectée dans les dispositifs conçus à cet effet et confinée dans le bâtiment réacteur", a également indiqué le groupe, selon lequel "l'événement n'a aucun impact sur la sûreté des installations".

EDF a dû abaisser jeudi sa prévision de production nucléaire en France pour 2022, à un niveau de 275 à 285 térawatts-heure (TWh), en raison de l'impact des grèves sur la maintenance de ses centrales et de l'allongement de la durée d'arrêt de quatre réacteurs pour des réparations liées au problème de corrosion détecté sur certains circuits. (Reportage Benjamin Mallet ; édité par Sophie Louet)