par Sophie Louet

Le Premier ministre français, François Fillon, a achevé dimanche une courte visite à Amman, après une étape en Syrie, axée sur le renforcement des relations économiques et commerciales bilatérales.

"Je suis venu à Amman pour développer entre la France et la Jordanie un partenariat global ambitieux : un partenariat commercial, un partenariat d'investissement, un partenariat technologique", a-t-il déclaré en présence de son homologue jordanien, devant des chefs d'entreprise français et jordaniens.

La France est le premier investisseur étranger non arabe dans le royaume hachémite mais elle n'est que le 13e fournisseur dans le pays (2,3% de part de marché en 2008).

Les entreprises françaises tentent de se positionner sur les créneaux porteurs de l'eau, des transports, des télécommunications et de l'énergie, particulièrement l'énergie nucléaire.

Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva, a signé dimanche un accord avec les autorités jordaniennes en vue de l'exploitation d'une mine d'uranium dans le centre du pays, une convention évaluée par Matignon à 600 millions de dollars.

Le géant du nucléaire, qui faisait partie du consortium français en lice pour la construction de quatre réacteurs nucléaires aux Emirats arabes unis, a signé en septembre 2008 un accord de licence d'exploration exclusive.

"La conférence sur l'accès au nucléaire civil que la France organise les 8 et 9 mars prochains à Paris, et à laquelle participera bien sûr la Jordanie, sera l'occasion de montrer la caractère exemplaire du partenariat que nous voulons construire en France", souligne François Fillon dans une interview au quotidien jordanien " Ghad ".

"LA MEILLEURE OFFRE"

La France a perdu en décembre dernier un contrat de 40 milliards de dollars pour la construction et l'exploitation de quatre réacteurs nucléaires aux Emirats arabes unis. Contre toute attente, c'est le consortium sud-coréen emmené par Korea Electric Power (KEPCO), par ailleurs bien implanté en Jordanie, qui a emporté la mise.

L'Elysée et Matignon avaient alors souhaité que la filière nucléaire française, malmenée par les relations tendues entre Anne Lauvergeon et Henri Proglio, patron d'EDF, tire les leçons de ce fiasco.

Le royaume jordanien projette de construire une centrale nucléaire à quelque 25 kilomètres de la ville d'Aqaba à l'horizon 2015 et d'autres ultérieurement.

Contrairement à ses voisins riches en pétrole, la Jordanie dépend des importations pour la quasi-totalité de sa consommation énergétique (environ 95%) et recherche une source alternative pour produire l'électricité et l'eau dessalée.

La France a signé en 2008 un accord de coopération nucléaire civil avec la Jordanie.

"Notre souci, notre objectif, c'est d'apporter à la Jordanie un partenariat complet (?) pour que la Jordanie et les autres pays de la région puissent accéder au nucléaire civil", a dit François Fillon lors d'une conférence de presse commune avec son homologue jordanien Samir Rifaï.

L'Iran, que les pays occidentaux accusent de chercher à développer l'arme nucléaire, ne participera pas à la conférence de Paris en mars prochain.

"Nous allons faire la meilleure offre à la Jordanie, et les discussions vont se poursuivre dans les prochaines semaines ", a dit le Premier ministre français.

Une présélection des compétiteurs est prévue au printemps avec une décision finale fin 2010.

François Fillon s'est entretenu de ce projet, notamment, avec le roi Abdallah II de Jordanie avant de regagner Paris.

A la veille de la visite en France du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le chef du gouvernement a souligné que la France partageait avec Amman " le sentiment de l'urgence " d'une reprise des efforts de paix au Proche-Orient.

Et "le souci que le chemin vers la paix, même s'il passe au début par celui des petits pas, ne soit pas une longue déviation", a-t-il ajouté lors de la conférence de presse.

Sophie Louet, édité par Pascal Liétout