Le suspens qui prévalait depuis quelques jours autour du "dossier Fessenheim" a pris fin. Les six administrateurs indépendants du conseil d'administration, le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, dont la voix est prépondérante, Laurence Parisot, ex-présidente du Medef, Bruno Lafont, ancien patron de Lafarge, Colette Lewiner, conseillère du président de Capgemini, Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec, et Claire Pedini, directrice générale adjointe de Saint-Gobain, ont approuvé l'accord d'indemnisation pour une fermeture en 2018 de la plus vieille centrale de France.

La partie n'était pas gagnée. Les six représentants de l'Etat ne pouvaient pas prendre part au vote en raison de conflit d'intérêt tandis que les six administrateurs salariés avaient prévenu qu'ils voteraient contre. Selon eux, cette fermeture nuit aux intérêts des salariés comme de l'entreprise. Et de rappeler que Fessenheim, qui produit 2,4% du courant français, a été la première centrale mise aux nouvelles normes post-Fukushima imposées par l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire).

Mais les administrateurs indépendants se sont rangés aux arguments de l'Etat qui menaçait EDF d'empêcher la poursuite du chantier de Flamanville et de relancer le réacteur numéro 2 de la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime), actuellement en arrêt prolongé.

Le protocole prévoit une part fixe initiale couvrant l'anticipation des coûts à engager après l'exploitation (dépenses de reconversion du personnel, de démantèlement, etc). Cette part fixe est estimée à environ 490 millions d'euros avec une prévision de versement de 20% en 2019 et 80% en 2021. L'accord prévoit également une part additionnelle variable donnant lieu le cas échéant à des versements ultérieurs, reflétant le manque à gagner pour EDF jusqu'en 2041. Celui-ci sera déterminé en fonction des prix de marché et de la production du palier 900 MW d'EDF, hors Fessenheim, tels que constatés sur cette période.

La balle est désormais dans le camp du gouvernement qui doit prendre avant l'élection présidentielle de 2017 le décret d'abrogation de l'autorisation d'exploiter la centrale.