L'électricien public français a également fait savoir qu'il discutait d'un renforcement de son partenariat industriel avec Areva et que son éventuelle montée au capital du spécialiste du nucléaire ne serait examinée que sous cet angle.

Son directeur financier, Thomas Piquemal, a souligné que les ambitions du groupe dans le nucléaire aux Etats-Unis dépendraient des nouvelles conditions qu'il obtiendrait après la sortie de son partenaire américain de leur seul projet de réacteur en cours.

"Ce qui constituera les facteurs clés de succès de notre stratégie aux Etats-Unis, (ce sera) d'obtenir une 'loan guarantee' et de remettre à plat l'intégralité du projet - notamment de revoir l'ensemble des relations contractuelles avec les fournisseurs", a-t-il dit lors d'une conférence téléphonique.

"Ensuite, lorsque nous aurons une meilleure visibilité sur l'environnement réglementaire aux Etats-Unis, ainsi que sur l'évolution des prix - qui est très volatile aujourd'hui - nous serons en mesure de prendre une décision d'aller de l'avant ou pas sur les projets américains et c'est à ce moment là que nous devrons avoir un nouveau partenaire."

Prévu sur le site de Calvert Cliffs, le projet avec Constellation était le seul en cours de développement dans le cadre de la société Unistar. Initialement, EDF visait quatre réacteurs de nouvelle génération EPR aux Etats-Unis, avec une première mise en service fin 2015.

"Le nucléaire aux Etats-Unis est très certainement une très belle opportunité de long terme (...). Est-ce que ça veut dire que, dans les conditions actuelles, nous réaliserions le projet? La réponse est non", a déclaré Thomas Piquemal.

"PAS UN INVESTISSEUR FINANCIER"

Le directeur financier d'EDF a en outre fait savoir que l'accord réglant le différend entre le groupe et Constellation n'entraînerait pas de provision supplémentaire pour EDF, après celle de 1,1 milliard d'euros enregistrée au premier semestre.

Concernant Areva, censé augmenter son capital avant la fin de l'année, Thomas Piquemal a déclaré : "Nous discutons de sujets industriels et notamment du renforcement de notre partenariat industriel. La question d'une éventuelle montée d'EDF au capital d'Areva ne peut être analysée qu'à la lumière de cet accord industriel."

"Ce qu'il y a de certain, c'est que nous ne sommes pas un investisseur financier, nous sommes un groupe industriel."

L'Etat a demandé fin juillet à Areva et EDF de nouer une alliance stratégique qui pourrait se traduire par une montée de l'électricien public au capital du fabricant de réacteurs, dont il détient aujourd'hui 2,4%.

L'électricien a confirmé qu'il visait pour 2010 une croissance organique de son Ebitda (résultat brut d'exploitation) comprise entre 3% et 5%, ainsi qu'un dividende stable par rapport à 2009.

Le groupe a cependant annoncé qu'il visait désormais pour 2010 un taux de disponibilité de ses centrales nucléaires en France - crucial pour sa rentabilité - proche de 78,5%, contre un objectif de taux compris entre 78,5% et 79,5% auparavant.

Sa prévision de production nucléaire comprise entre 405 terawattheure (TWh) et 415 TWh en France en 2010 reste en revanche inchangée.

NOUVEAUX OBJECTIFS AU PRINTEMPS 2011

Thomas Piquemal a précisé qu'il communiquerait des objectifs sur le moyen terme aux marchés au printemps 2011, une fois que les modalités de la réforme du marché de l'électricité français seraient connues.

Le chiffre d'affaires d'EDF a atteint 52.934 millions d'euros au cours des neuf premiers mois de 2010, contre 52.579 millions attendus par le consensus, avec un effet de périmètre positif à hauteur de 4,6 points essentiellement constitué des acquisitions de SPE en Belgique et de la moitié des activités nucléaires de Constellation Energy Group.

A périmètre et change constants, les ventes d'EDF enregistrent une hausse de 3,8%, avec une augmentation des volumes de vente d'électricité et des prix globalement orientés à la baisse à l'international.

Le groupe a souligné que son objectif de ratio d'endettement financier net/Ebitda était désormais "proche de 2,5", contre un objectif initial compris entre 2,5 et 3.

Vers 9h20, le titre EDF gagnait 0,26% à 32,64 euros pendant que le CAC 40 perdait 0,51%.

Benjamin Mallet, édité par Pascale Denis