Le prix de la transaction atteint 41,5 euros par action, soit un montant total de 4,7 milliards d'euros. L'électricien public français signe avec cette opération sa sortie du marché allemand.

"Les perspectives de développement d'EDF en Allemagne à travers cette participation s'annonçaient assez peu porteuses", a déclaré lors d'une conférence téléphonique Henri Proglio, le PDG du groupe français.

"Le contexte réglementaire et législatif négatif aura pour conséquence des charges additionnelles pour EnBW de l'ordre de 500 millions d'euros (par an) sur la période 2011-2016", a-t-il expliqué, en estimant que les conditions de prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires en Allemagne constituaient un "impôt nucléaire".

Le PDG d'EDF a également souligné que le marché allemand était en situation de surcapacités, ce qui devrait maintenir une pression négative sur les prix de l'électricité à moyen terme.

Thomas Piquemal, le directeur financier d'EDF, a de son côté déclaré que la vente améliorait "le profil de croissance organique d'EDF puisque les perspectives d'EnBW étaient négatives sur les trois prochaines années".

"Est-ce qu'on tourne définitivement le dos à l'Allemagne ? La réponse est non. Est-ce qu'on a des idées ? La réponse est oui", a cependant déclaré Henri Proglio, sans fournir davantage de détails.

L'accord de cession de la participation d'EDF dans le groupe allemand se traduira par l'annulation d'une option de vente au français de 25% des actions EnBW détenues par OEW et par la disparition de l'engagement hors bilan de 2,3 milliards d'euros au titre de cette option dans les comptes du français, a détaillé EDF.

PLUS-VALUE DE 500 MILLIONS D'EUROS

Elle permettra à EDF d'enregistrer une plus-value avant impôts d'environ 500 millions d'euros. Selon le groupe, sa finalisation devrait intervenir début 2011.

Le montant de la transaction et l'effacement de cette option permettent au groupe français de réduire son endettement de quelque sept milliards d'euros.

EDF a souligné que cette nouvelle cession d'actifs lui donnait des marges de manoeuvre supplémentaires pour procéder à des investissements.

"La flexibilité financière renforcée du groupe EDF lui donnera de nouvelles perspectives de développement en Europe et à l'international", a indiqué le groupe.

Henri Proglio n'a pas souhaité détailler ces "nouvelles perspectives", rappelant simplement les projets d'EDF en Grande Bretagne, en Italie et en Europe centrale notamment.

"On a évidemment beaucoup de projets en tête dont il ne serait pas très réaliste de faire état aujourd'hui en attendant qu'ils se soient concrétisés (...). Il s'agira pour l'essentiel de croissance organique, ce qui n'exclut pas par exception des projets de croissance externe", a-t-il dit.

Près 44% du chiffre d'affaires d'EDF seront réalisés à l'international après sa sortie d'Allemagne.

Prie de dire si EDF envisageait d'autres cessions comparables à celle de sa participation dans EnBW, Henri Proglio a déclaré : "On n'est pas sous contrainte, cette opération est une opportunité provoquée par une décision politique (du Land du Bade-Wurtemberg) que nous transformons en opportunité industrielle et financière."

Interrogé sur la possibilité de faire évoluer l'actionnariat de l'italien Edison, qu'EDF contrôle avec A2A par le biais d'un pacte d'actionnaires complexe qui doit expirer en 2011, Henri Proglio a déclaré : "Ça n'a pas de rapport avec la situation allemande que nous avons connue (...), je ne vois pas pourquoi on se retirerait d'Italie."

EDF avait déjà cédé en octobre ses réseaux de distribution d'électricité britanniques au groupe Cheung Kong, opération qui induisait pour le français un désendettement d'environ 6,7 milliards.

La dette nette du groupe a atteignait 44,1 milliards d'euros au 30 juin. Thomas Piquemal a souligné que le ratio de dette nette sur Ebitda d'EDF, prévu autour de 2,5 à fin 2010, serait amélioré de 0,3 point en année pleine et normative avec la sortie d'EnBW.

Benjamin Mallet, Gregory Schwartz et Danielle Rouquié pour le service français, Peter Dinkloh à Francfort, édité par Benoît Van Overstraeten