* La créance est liée notamment aux renouvelables

* Un accord a été conclu avec l'Etat

* Le poids d'une taxe, la CSPE, sera compensé pour EDF

* L'Etat reconnaît aussi des coûts de portage liés à la CSPE

* EDF négocie encore avec l'Etat pour alléger sa dette

* EDF plus forte hausse du CAC 40 (Actualisé avec Cahuzac §6, cours §9)

par Benjamin Mallet

PARIS, 14 janvier (Reuters) - EDF a annoncé lundi avoir obtenu le remboursement d'ici à la fin 2018 d'une créance de 4,9 milliards d'euros, ce qui devrait alourdir la facture des ménages.

Cette créance est liée à la contribution au service public de l'électricité (CSPE), une taxe qui permet notamment de financer les énergies renouvelables et représente aujourd'hui selon EDF 9,4% de la facture moyenne des ménages, contre 7,5% au 1er juillet 2012 et 5,8% au 1er janvier 2011.

Les hausses de la CSPE dans les tarifs n'ayant pas suffi à financer l'essor des énergies éolienne et solaire depuis 2007, EDF est parvenu à un accord avec l'Etat qui prévoit le remboursement d'une créance constituée du déficit à fin 2012 - soit 4,3 milliards d'euros environ - et des coûts de portage induits pour EDF (environ 600 millions).

"Au moment où le groupe doit investir massivement dans le parc de production et dans les réseaux, cette charge handicape EDF", ont souligné les ministères de l'Economie et de l'Energie dans un communiqué.

"Les augmentations à venir permettront (...) de résorber progressivement le manque à gagner", ont-ils ajouté, laissant entendre que les consommateurs, et non l'Etat directement, rembourseront EDF.

Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, confirme dans un entretien à paraître mardi dans Les Echos que "le déficit cumulé d'EDF devra être réglé via l'évolution de la contribution au service public de l'électricité".

La CSPE a déjà crû de 3 euros par mégawattheure le 1er janvier, entraînant une hausse de la facture d'électricité des Français de 2,5%, soit environ 15 euros par an et par ménage en moyenne, qui permet de couvrir les charges de service public de l'électricité de 2013. (voir )

Cette taxe permet aussi de financer les surcoûts de production et d'achat d'électricité dans les zones non interconnectées (Corse et DOM notamment) et ceux liés aux dispositions sociales (tarif de première nécessité notamment).

L'action EDF a clôturé en hausse de 5,16% à 14,37 euros lundi à la Bourse de Paris, signant la plus forte progression de l'indice CAC 40. Elle gagne 2,75% depuis le 1er janvier après avoir perdu 25,6% en 2012.

"SIGNAL FORT"

"Il s'agit d'un signal fort, EDF a convaincu le gouvernement d'admettre, finalement, qu'il fallait agir", a déclaré Ingo Becker, analyste chez Kepler.

L'augmentation de la CSPE s'inscrit dans un mouvement de hausse globale des tarifs de l'électricité.

Selon un rapport publié l'été dernier par le Sénat, cette hausse globale pourrait atteindre 50% environ d'ici à 2020 par rapport à 2011 si la loi et les comportements de consommation restent inchangés.

Le gouvernement rappelle cependant que le débat sur la transition énergétique, qui se déroulera au cours du premier semestre, devra instaurer "un financement équilibré et soutenable, prenant en compte tant les impératifs de la transition énergétique, que le pouvoir d'achat des ménages ou encore la compétitivité des entreprises".

EDF précise de son côté que, d'un point de vue comptable, l'accord conclu avec les pouvoirs publics représentera un produit financier d'environ 600 millions d'euros correspondant à la reconnaissance des coûts de portage passés cumulés au 31 décembre 2012.

Le groupe ajoute toutefois qu'il poursuit ses discussions avec l'Etat, qui détient 84% de son capital, afin d'alléger le niveau de son endettement, sur lequel pèse le déficit de CSPE.

La dette d'EDF à fin 2012, qui sera annoncé lors de la publication des résultats annuels du groupe le 14 février, était jusqu'ici attendue à 40,5 milliards d'euros selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S, pour un ratio dette nette sur Ebitda de 2,53 - supérieur à l'objectif de 2,5 affiché par le groupe.

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* EDF estime à E7 mds le surcoût des renouvelables à horizon 2020 (Avec la contribution de Geert De Clercq et Jean-Baptiste Vey, édité par Matthias Blamont)